Nous commémorons aujourd’hui le 185e anniversaire de l’Abolition de l’esclavage. L’invité d’honneur des cérémonies officielles est Abdoulaye Diop, ministre de la Culture du Sénégal. Il est prévu qu’il se rende au Morne, montagne symbole du marronnage. Lui qui vient du pays à l’île de Gorée qui, à la porte du non-retour, a été traversée par des millions d’êtres réduits en esclaves. Mais avons-nous un héritage sénégalais ?

Un nom marque le paysage de la capitale. Celui de Camp-Yoloff, inspiré de «wolof», l’une des langues parlées au Sénégal. Jocelyn Chan Low revient sur un épisode décisif, à l’époque de la colonisation française. Nous sommes en 1740. Mahé de La Bourdonnais est alors gouverneur. La France et l’Angleterre se font la guerre en Inde. Le Code noir stipule que les Noirs n’ont pas le droit de porter une arme, pas même un bâton. Mais Mahé de La Bourdonnais entraîne et arme un détachement d’esclaves sénégalais. Ils ont été choisis non seulement pour leur robustesse, mais surtout pour leur férocité.

Le gouverneur met le cap sur le comptoir français de Madras, dont les Anglais disputent la propriété. «La menace du détachement d’esclaves sénégalais a poussé les Anglais à capituler à Madras.» Sait-on combien de Sénégalais réduits en esclaves sont venus à Maurice ? Pour des raisons multiples – traite illégale, non-disponibilité d’archives, etc.; – il n’existe que des estimations. L’historien Jocelyn Chan Low explique qu’«environ 2 % des esclaves envoyés à l’île de France durant la période de la Compagnie des Indes étaient d’Afrique de l’Ouest».

Les navires faisant le voyage de France s’arrêtaient à l’île de Gorée avant d’accoster à l’île de France. «Il y a une thèse selon laquelle à un moment donné, les Wolofs et les Yorubas étaient majoritaires» parmi les esclaves. C’est la raison pour laquelle le linguiste Philip Baker «parle de l’influence du parler ouest africain sur la langue créole», souligne Jocelyn Chan Low. «C’est aussi pour cela qu’il y a une proximité entre le créole haïtien et le créole mauricien.»

Mais la traite entre le Sénégal et Maurice pose plusieurs problèmes. Vu la distance, le taux de mortalité à bord des négriers était très élevé. «Les survivants étaient vendus très cher.» Ensuite, des guerres intestines entre les tribus perturbaient le marché des esclaves, ajoute l’historien.

Stephan Karghoo du centre Nelson Mandela pour la culture africaine, relativise : «Notre plus grand point commun avec le Sénégal, c’est Mama Africa.»

Temps forts d’une visite

Selon le programme officiel, Abdoulaye Diop, ministre de la Culture du Sénégal, l’invité d’honneur du 1er-Février, se déplace en compagnie d’un conservateur de l’île de Gorée. Demain, il est prévu qu’il visite l’ex-hôpital militaire, le site qui doit abriter le musée intercontinental de l’esclavage. Le Sénégal est un pays d’Afrique de l’Ouest, voisin de la Mauritanie, du Mali, de la Guinée et de la Guinée-Bissau.