Même en plaidant coupable et présentant ses regrets à la nation malienne et à l’humanité  pour  les crimes qu’il a commis lors de l’invasion terroriste du nord du Mali, le premier inculpé de crime de destruction de patrimoine culturel et historique de l’humanité doit payer cher. C’est-à-dire, écoper de la plus lourde peine de prison (30 ans) et d’amendes prévues par le Tribunal Pénal International (TPI) de la Haye. Une quête de justice d’autant plus légitime que des preuves vidéos, écrites, internet  et des témoignes  accablent lourdement Ahmad Al Faqi Al Mahdi.

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Des faits qui d’ailleurs, attestent  que ce  terroriste fut non seulement le chef de la brigade des mœurs de la cité des 333 Saints pendant l’occupation, mais aussi, consultant du tribunal islamique ou encore conseiller du Chef d’Aqmi, alias Abou Zeid.  Des  rôles  de premier rang  qui montrent que le prévenu  n’a pas été, contrairement à ce qu’il prétend confesser à la Cour, contraint par ses chefs, mais  a siégé  en toute conscience  dans les instances de contrôle de la cité de Tombouctou. Ce qui se vérifie  davantage, lorsque l’on sait que cet homme avait toujours continué de mener ses activités terroristes jusqu’à son arrestation au Niger par Barkhane, en octobre 2014, dans un convoi transportant près d’une tonne d’armements depuis le Sud libyen.

Pour rappel, la Procureure Fatou Bensouda, en demandant aux juges d’inculper  Al Mahdi, avait justifié sa démarche par le fait que les crimes qu’on lui reproche « affectent l’âme et l’esprit d’un peuple ». Ce peuple qui n’est autre que le peuple malien, très jaloux de son passé historique,  voudrait bien que ce procès, premier du genre, serve de jurisprudence pour les affaires similaires dont les dossiers sont en instruction.  Ce, afin que plus jamais, l’humanité ne connaisse de tels crimes abominables. Que de potentiels candidats au terrorisme ne soient plus tentés de suivre les pas des prétendus idéologues qui leur promettent un « faux paradis ». Ainsi, pour avoir sciemment détruit les Mausolées de Tombouctou en 2012 et continué ses activités terroristes deux ans plus tard, Al Mahdi ne devrait  bénéficier d’aucune circonstance atténuante. Par conséquent, les juges du Tribunal Pénal de la Haye devront lui infliger la peine maximale  de prison et une forte amende. A l’effet qu’une telle sentence puisse permettre incontestablement  de fournir  une  meilleure  jurisprudence aux futurs juges nationaux ou internationaux  qui auront à traiter les autres dossiers de  terroristes, accusés comme Al Mahdi, de crimes de guerre, notamment de destruction de patrimoine matériel et immatériel historique et culturel de l’humanité.

En outre, cela permettrait aussi de montrer la voie aux autorités de Bamako aller vers le jugement des terroristes inculpés par la Justice nationale et incarcérés dans les prisons du pays, plutôt que de les libérer sous le prétexte fallacieux d’une quelconque réconciliation qui ne viendrait jamais sans l’application d’une justice saine et équitable. C’est à cette seule condition que les victimes, qui n’oublieront jamais, pourront pardonner un jour. Car, les populations du nord, notamment les victimes,  ont bien besoin de savoir les motivations réelles de leurs anciens bourreaux et le mobile de leurs actes odieux.

Gaoussou M. Traoré

Source : Le Challenger