ÉVÉNEMENT. Comment l’Afrique peut-elle sortir par le haut de l’actuelle crise du Covid-19 ? Des chefs d’État répondent dans une table ronde virtuelle organisée par le NYF Institute.

En ce 19 mai, l’Afrique continue à résister au Covid-19 mieux que beaucoup l’avaient imaginé. Avec moins de 95 000 cas confirmés, le continent n’a pas encore atteint les 3 000 décès et a enregistré plus de 33 500 guérisons. Pendant que les recherches pour expliquer ces chiffres si bas se poursuivent, l’heure est à la réflexion pour savoir comment l’Afrique, au-delà de la crise sanitaire du Covid-19, va devoir faire pour éviter de superposer à la récession qui lui est promise des crises alimentaire, sociale et même politique. « Pour un monde résilient : l’appel de l’Afrique en faveur d’une nouvelle gouvernance mondiale » est le thème de la table ronde virtuelle de haut niveau organisée par le NYF Institute ce jour à partir de 14 heures, heure de Paris (12 heures GMT). Celle-ci devrait permettre de débroussailler le terrain et d’imaginer des pistes pour tirer les leçons de cette pandémie et réorganiser tous les modes de fonctionnement mis en œuvre depuis bien des années. Car l’Afrique devra apprendre de ses erreurs et de ses insuffisances.

Pour porter sa parole, des chefs d’État et des leaders africains vont échanger pour, comme le dit en substance Richard Attias, président du NFY Institute, « évoquer les principaux enseignements à tirer de leur gestion de cette crise et anticiper les prochains risques qui pourraient être une crise alimentaire, une crise de l’éducation, et une non-inclusion de la jeunesse et des personnes vulnérables ». Ainsi des présidents Uhuru Kenyatta, du Kenya, Issoufou Mahamadou, du Niger, Alassane Ouattara, de la Côte d’Ivoire, et Macky Sall, du Sénégal.

À leurs côtés, il y aura la docteure Rania A. Al-Mashat, ministre de la Coopération internationale d’Égypte, le docteur Amadou Hott, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale du Sénégal, Tony O. Elumelu, chairman de Heirs Holdings, d’United Bank for Africa Group (UBA Group), de Transcorp Limited et fondateur de la Tony Elumelu Foundation du Nigeria, le docteur Acha Leke, chairman de McKinsey Africa, la Docteure Ngozi Okonjo-Iweala et Tidjane Thiam, tous deux envoyés spéciaux de l’Union africaine contre le Covid-19.

… pour « un appel à agir ensemble »

Pour éviter une parole par trop institutionnelle, ce panel va faire face à de jeunes Africains et Africaines investis dans la vie économique et sociale. Ceux-ci vont le soumettre à la question. Parmi eux (elles), Aouatef Khelloqi, fondatrice de Maroc Impact, Bamba Lô, CEO Paps (Sénégal), Ibrahim Aboki, CEO Fatata Farms (Nigeria), Yann-Cédric lohoré, fondateur de Young Jobs Network (Côte d’Ivoire), Jacqueline Mukarukondo, fondatrice de Wastezone (Rwanda)…

L’idée derrière ces échanges est de lancer « un appel de l’Afrique pour agir ensemble » et de mobiliser toutes les énergies pour relever les défis économiques, sociaux et politiques post-Covid. C’est crucial en une année où le continent avait programmé d’inaugurer la Zone de libre-échange africaine (ZLECA) pour mieux se repositionner dans un monde en plein chantier. Au moment où la Chine voit sa montée en puissance contrariée par le Covid-19, les États-Unis de Donald Trump insister, dans la logique de l’« America first », dans leur guerre commerciale à cette même Chine, dans leur défiance à l’égard de l’Europe et du multilatéralisme qui avait prévalu pendant ces dernières décennies, les dirigeants africains, rejoints par d’importants acteurs de la scène européenne ainsi que par plusieurs organisations internationales, entendent militer pour que les économies les plus fragilisées ne soient pas laissées à leur sort. C’est tout le sens de la demande d’annulation de la dette, de l’approbation par certains du moratoire pour cette même dette. À quelques mois du prochain G20, l’Afrique a besoin de faire entendre sa voix. Cette rencontre virtuelle de haut niveau lui donne la possibilité de proposer des lignes de force de ce qui pourrait être sa stratégie de reconstruction dans un monde post-Covid-19.

 Le Point.fr