Au Niger, la hiérarchie militaire fait les frais de la dernière attaque du 9 janvier à Chinagoder, qui a fait officiellement 89 morts, et qui fait suite à celle de décembre à Inates qui avait, elle, coûté la vie à 71 soldats. Lundi, décision a été prise en Conseil des ministres de remplacer le chef d’état-major des armées, le chef d’état-major de l’armée de terre, l’inspecteur général des armées et le secrétaire général du ministère de la Défense.

Aucune sanction n’avait été prise après l’attaque d’Inates de décembre, mais avec la mort de 89 militaires supplémentaires la semaine dernière, le président Issoufou n’a pas pu faire l’économie d’un changement à la tête de la hiérarchie.

« Ce geste est censé montrer notre réactivité après ce qui s’est passé », explique un conseiller à la présidence. Ces changements vont apporter « un nouveau souffle et aussi renforcer le moral des troupes », ajoute une source sécuritaire.

La grogne serait-elle en train de monter chez certains militaires ? Si plusieurs audios attribués à des soldats ont circulé ces derniers jours, aucun n’a été authentifié, précise l’un de nos interlocuteurs.

Seule confirmation à ce stade, la tension qui a gagné vendredi le poste d’Ekrafane près de la frontière malienne. Une source proche du pouvoir reconnaît que plusieurs militaires se sentant trop vulnérables ont décidé de se rabattre avec leurs véhicules sur la garnison d’Abala, plus au sud.

Comment ces nouvelles nominations décidées ce 13 janvier vont-elles être perçues dans les rangs de l’armée ? Suffiront-elles à répondre aux  opposants qui demandent des comptes au pouvoir ?

Il faudra plus qu’un changement d’hommes pour gagner la guerre, commente un ex-ministre nigérien, mais l’heure est venue de tester une nouvelle approche.