Le chef de l’Etat béninois poursuit son processus de réconciliation entamé avec le dialogue politique et le vote de la loi d’amnistie. Mais certains Béninois restent encore sceptiques quant à cette volonté d’apaisement.

 

C’est une sortie médiatique du chef de l’Etat béninois intervenue hier qui a relancé le débat.

Patrice Talon a exprimé sa frustration quant à l’implication, selon lui, de l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi dans les événements tragiques des 1er et 2 mai, à l’occasion des élections législatives.

Boni Yayi peut et doit rentrer chez lui

Mais la loi d’amnistie votée, celui-ci souhaite que son prédécesseur, qui s’est exilé, rentre au pays. Une “démarche noble“, d’après Willfried Léandre Houngbédji, directeur à la communication de la présidence. “Il n’y a aucun non-dit. Le président de la République a bien indiqué sa gêne que le nom de l’ancien président de la République Boni Yayi ait été mêlé aux événements intervenus dans le cadre des législatives de 2019. Et donc, dire cela et en même temps, dire son souhait que son prédécesseur soit libre de rentrer au pays n’a rien d’antinomique avec ce qui avait été dit“, a ainsi déclaré Willfried Léandre Houngbédji. “Le président Boni Yayi est un Béninois, sa place est au Bénin. Aujourd’hui, il y a une loi d’amnistie qui permet à toutes personnes impliquées, citées, jugées dans les faits dénoncés de rentrer tranquillement chez elles parce que ces faits sont désormais considérés comme n’ayant jamais existé, à partir du moment où la loi d’amnistie est entrée en vigueur.

Un cadeau empoisonné
Seulement, de nombreux Béninois rencontrés considèrent cette bonne volonté du président Talon comme un cadeau empoisonné. Ils estiment que l’ancien dirigeant Boni Yayi ne doit pas croire en ces promesses. “Je crois qu’il y a un pas à ne pas franchir. Le président Patrice Talon nous a habitués à beaucoup de contre-vérités“, déclare ainsi cet homme.”Il faut se souvenir qu’il avait dit qu’il ne voulait pas du mal au président Boni Yayi mais ça ne l’a pas empêché d’encercler sa maison pendant 52 jours et de le rendre complètement malade. Donc nous avons du mal à croire aux paroles mielleuses du président.

Pour cet habitant de Cotonou, “Boni Yayi doit suivre son propre agenda. Il ne lui était d’ailleurs pas interdit de rentrer au pays. On a l’impression qu’on assiste à du saupoudrage politique. Que Boni Yayi ne croit personne.

Enfin, cette personne pense que Boni Yayi ne rentrera pas de sitôt. Parce que c’est trop facile de dire à quelqu’un que  tout est oublié, que vous n’allez plus comparaître, que vous pouvez rentrer chez vous. Non, nous sommes sur un terrain purement politique.

 
La balle est désormais dans le camp de Boni Yayi. Le Bénin est en pleine réforme depuis plusieurs mois. Pour aboutir, ces réformes nécessitent un climat de paix. Et c’est dans ce sens que pense aller le gouvernement.

Deutsche Welle