C’est un avion de chasse d’un pays étranger qui a lancé, en juillet, un missile mortel sur un centre de détention de migrants en Libye, selon une enquête confidentielle de l’ONU consultée par la chaine arabe de la BBC.

epa07692746 Migrants and authorities check the rubble of a destroyed detention center in Tripoli’s, Libya, 03 July 2019. according to media reports, At least 44 people killed and 130 were injured after strike hit the Tajoura detention center held at least 600 refugees were attempting to reach Europe from Libya. The parties disputed didn’t claimed any responsibility for the attack. EPA/STR

Aucun pays n’est cité, mais une source au courant de l’enquête a déclaré qu’elle était axée sur les Émirats arabes unis.

Contactés par la BBC, les Émirats arabes unis n’ont pas fait de commentaires.

L’attaque de juillet avait tué 53 migrants et blessé 130 autres. Elle a été décrite comme un crime de guerre potentiel par un fonctionnaire de l’ONU.

La plupart des personnes tuées au centre de détention pour migrants de Tajoura, à l’Est de la capitale, Tripoli, seraient des Africains subsahariens tentant d’atteindre l’Europe depuis la Libye.

Il s’agit du plus lourd bilan officiel d’une attaque depuis que l’Armée nationale libyenne (LNA) a lancé une nouvelle offensive en avril pour renverser le gouvernement de l’Accord national (GNA) soutenu par l’ONU à Tripoli.

“Cette attaque peut, selon les circonstances précises, constituer un crime de guerre “, a déclaré Michelle Bachelet, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à l’époque.

La Mission spéciale des Nations Unies en Libye a déclaré à la BBC qu’elle avait partagé les coordonnées des centres pour migrants avec les deux parties au conflit pour éviter qu’ils ne soient touchés.

La GNA a déclaré en juillet que l’attaque avait été menée par un avion de chasse des Émirats arabes unis. La LNA, sous la direction du général Khalifa Haftar, a d’abord déclaré qu’elle avait bombardé un objectif légitime, mais a ensuite nié avoir été impliquée.

Un groupe d’experts travaillant pour le Conseil de sécurité de l’ONU a passé des mois à essayer d’établir qui était derrière l’attaque.

La chaîne Arabe de BBC a pris connaissance d’un rapport confidentiel présenté au Conseil de sécurité de l’ONU mercredi.

Le rapport cite des éléments de preuve provenant d’une source confidentielle selon lesquels ” un nombre inconnu de Mirage 2000-9 ” opéraient depuis deux bases aériennes en Libye au moment de l’attaque.

Les Émirats arabes unis et l’Égypte, qui ont tous deux soutenu la LNA, disposent d’un grand nombre d’avions de combat Mirage.

Un porte-parole de l’armée égyptienne a déclaré qu’elle ne voulait pas commenter un rapport avant sa publication.

Le rapport de l’ONU dit que les Mirages utilisaient deux bases aériennes : Jufra et al-Khadim.

En 2017, l’ONU a déclaré que les Émirats arabes unis avaient construit la base aérienne d’al-Khadim et fourni un soutien aérien aux forces du général Haftar.

Le rapport confidentiel conclut qu’il est “hautement probable” que l’attaque aérienne ait été menée à l’aide de missiles guidés avec précision par un avion de chasse “exploité par un État membre [de l’ONU] agissant en soutien direct des HAF [Forces armées Haftar]”.

Le rapport ne nomme pas l’État, car il dit que des preuves sont encore en cours de collecte.

Les Émirats arabes unis et la LNA n’ont pas répondu aux demandes répétées de commentaires de la BBC.

“S’il existe des preuves concrètes d’une intervention militaire directe de pays extérieurs, c’est totalement inacceptable et doit faire l’objet d’une enquête au plus haut niveau “, a déclaré l’ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Libye, Peter Millet.

La Libye fait l’objet d’un embargo sur les armes depuis 2011. En août 2019, les Émirats arabes unis ont signé un engagement à respecter l’embargo, comme l’ont aussi fait le Royaume-Uni, les États-Unis, la France et l’Italie.