D’octobre 1987 au 31 octobre 2014, la loyauté du Général Gilbert Diendéré envers l’ancien président Blaise Compaoré a semblé rester intacte. Quel peut être le secret d’une si rare fidélité ?

30 ans. L’écoulement du temps n’a pas effrité les relations entre Gilbert Diendéré et son frère d’armes Blaise Compaoré. Des relations qui ont semblé avoir été forgées dans le granit, puisqu’elles continuent.

Depuis l’épilogue sanglant et tragique de la Révolution d’août 1983, soldé par la mort de Thomas Sankara, suivie plus tard par celle de Henri Zongo et de Boukari Lingani, Gilbert Diendéré restera dans l’ombre – si ce n’est l’ombre – de celui que le Journal du Jeudi appelait « l’enfant terrible de Ziniaré ». Et cela, jusqu’au jour où ce dernier a été acculé au mur de Kossyam un certain 31 octobre 2014. Et même au-delà.

Secret d’une fidélité

Le militaire à la silhouette longiligne, avec toujours un soupçon de sourire sur le coin des lèvres, n’a émis, du moins extérieurement, des signes d’un quelconque abandon de celui dont il était le chef d’état-major particulier.

Le secret de cette fidélité ? C’est Diendéré lui-même qui l’explique en ces termes :  « Avec la disparition des trois chefs historiques de la révolution d’août 1983, il ne me restait que Blaise Compaoré comme repère politique et militaire. Il m’a fait confiance en me confiant des responsabilités que j’assumais avec honneur et fidélité.

Tout n’a pas été toujours rose entre lui et moi, du début à la fin, mais nous avons pu éviter les écueils que certains avaient voulu placer entre nous pour d’une part, m’écarter de lui, et d’autre part l’affaiblir. Je le considérais certes comme responsable politique et militaire, mais aussi comme un grand frère en ce sens qu’il me donnait toujours des conseils avisés.

 Il n’a jamais manqué de me soutenir dans toutes mes activités professionnelles et sociales. De ce fait, je ne voyais donc pas comment ne pas lui être loyal et fidèle…».

« Le Général Gilbert Diendéré parle »

C’est l’une des nombreuses confidences que le Général, aujourd’hui incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) pour son rôle dans le putsch de septembre 2015, a faites au jeune journaliste Atiana Serges Oulon. Cette biographie-témoignage paraîtra dans les jours à venir sous le titre «Le Général Gilbert Dienderé parle ».

« C’est avec cet officier que j’ai tissé des liens et entretenu le contact depuis ce mois de juillet 2015 jusqu’à la Maison d’Arrêt et de Correction des Armées (MACA).  L’ouvrage est le fruit d’abord de nos échanges, des réponses au questionnaire, ensuite des entretiens avec d’anciens militaires et ceux encore en activité, enfin de coupures de presse », explique le diplômé en journalisme de l’Université Joseph Ki-Zerbo, exerçant aujourd’hui sa plume au bimensuel d’investigation « Courrier confidentiel », après un passage à la Radio Liberté.

C’est donc dans ce livre que celui qui est considéré comme la boîte noire du régime de Blaise Compaoré a donné des détails, sur son parcours scolaire et militaire, ses rapports avec les chefs historiques du 4 août 1983, ceux du 15 octobre 1987, les conditions de son arrestation à la Nonciature, les crimes de sang dont il est accusé (Boukari Jean Baptiste Lingani et Henri Zongo, Oumarou Clément Ouédraogo, Guillaume Sessouma…), sa fortune, ses rapports avec la politique et ses acteurs. Entre dénégations, confirmations et révélations, Gilbert Diendéré parlera.

Abdou ZOURE

Burkina24

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