L’archipel fait face à l’une des pires sécheresses. Le gouvernement vient de décréter l’urgence hydrique et annonce des mesures de restriction d’eau.

La sécheresse semble avoir atteint un seuil critique au Cap-Vert. Le pays fait face à une sécheresse préoccupante. Aucune précipitation n’est apparue depuis trois ans dans plusieurs localités comme l’île de Santiago avec des impacts directs sur la santé, l’agriculture et l’économie. À tel point que le gouvernement du Cap-Vert a décrété mardi 7 janvier une urgence hydrique dans l’ensemble du pays. Il faut souligner que l’eau est déjà rare au Cap-Vert, un archipel volcanique situé au large de la côte ouest de l’Afrique peuplé de 520 000 habitants. La crainte est de voir le changement climatique exacerber encore plus le problème. Le gouvernement tente tant bien que mal d’agir, mais il est bien seul car le Cap-Vert est sorti en 2008 de la catégorie des pays en voie de développement pour entrer dans le cercle des États à revenu intermédiaire. En conséquence, il ne bénéficie plus du même appui financier qu’auparavant, ce qui complique sa tâche dans l’adaptation au changement climatique. Les épisodes extrêmes s’enchaînent au point que le gouvernement scrute mois après mois le ciel.

 

Des données de pluviométrie inquiétantes

Selon le journal officiel, les volumes de précipitations ne se sont pas rétablis dans les principaux réservoirs du pays et la disponibilité de l’eau dans ces infrastructures n’est « pas satisfaisante ». Le même document indique également que l’irrégularité des précipitations au Cap-Vert est aggravée par des situations fréquentes de pénurie d’eau pour la consommation humaine et l’utilisation en agriculture, ce qui justifie le besoin urgent de mesures pour permettre une gestion adéquate de l’eau dans l’archipel. En effet, l’agriculture représente un peu moins de 10 % du Produit intérieur brut du Cap-Vert, mais plus de 30 % de la population en dépendent pour survivre. En conséquence, selon le journal, le ministre de l’Agriculture et de l’Environnement est autorisé à adopter les mesures réglementaires et administratives nécessaires ou appropriées pour minimiser l’urgence hydrique.

 

Le gouvernement a déclaré en outre que pendant la période d’urgence hydrique, des restrictions sur l’utilisation de l’eau peuvent être imposées. Quant aux bonnes pratiques, le journal préconise la diffusion massive du Manuel de bonnes pratiques pour la gestion et la prévention des conflits d’utilisation de l’eau ainsi que l’évaluation temporaire et périodique, au moins deux fois par an, de la disponibilité en eau des puits et autres sources hydriques. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Énergie a expliqué qu’« au Cap-Vert, quand ce ne sont pas les eaux de pluie qui détruisent les infrastructures et les efforts entrepris depuis plusieurs années, c’est la sécheresse extrême qui menace la survie des familles, en particulier celles qui vivent de l’agriculture et de l’élevage. Et c’est ce qui nous arrive depuis 2017, nous faisons face à l’une des pires sécheresses de ces 36 dernières années. » Le Cap-Vert a fait un bond de géant en accélérant les projets dans les énergies renouvelables. Aujourd’hui, 25 % de l’énergie du pays vient du vent ou du soleil. Mais pas de l’eau. Il y a neuf usines de désalinisation de l’eau de mer dans l’archipel. Mais elles fonctionnent toutes grâce au pétrole. Le coût de l’eau produite revient beaucoup trop cher pour les agriculteurs.

37 % de la population affectée

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la sécheresse qui sévit depuis trois années consécutives affecte actuellement 37 % de la population, a déclaré fin décembre la directrice générale de l’agriculture, Eneida Rodrigues. « Selon les données, 37 % de la population est affectée par la crise de sécheresse depuis trois années consécutives. Ce sont des gens qui vivent de l’agriculture et de l’élevage, à la fois en termes de production et également de commerce de la production agricole », a-t-elle expliqué.

Selon Mme Rodrigues, ses services travaillent non seulement pour atténuer la mauvaise année agricole, mais aussi pour la résilience des familles les plus défavorisées et du pays dans son ensemble. « Nous travaillons donc sur la mobilisation de l’eau, en nous concentrant sur le dessalement de l’eau saumâtre, la réutilisation sûre des eaux usées dans l’agriculture, l’amélioration de la gestion de l’eau, la réduction des pertes et l’utilisation du système qui favorise l’utilisation la plus efficace de l’eau dans l’agriculture », a indiqué Mme Rodrigues.

D’après elle, au niveau de l’élevage, des travaux sont effectués sur le quota d’animaux, non seulement pour faire face à la crise, mais aussi en tant que mesure de protection de l’environnement. Par ailleurs, Eneida Rodrigues a noté pour le moment une certaine amélioration du comportement des agriculteurs et des éleveurs. « Au niveau des éleveurs, nous remarquons qu’ils adhèrent au programme de quota animal et fournissent également des aliments complémentaires qui sont les aliments pour améliorer l’alimentation du bétail. Les agriculteurs ont également compris que l’eau doit être économisée », a-t-elle ajouté.

Par Le Point Afrique