L’Afrique comptait, ce lundi 23 mars, 1 396 cas confirmés de coronavirus, selon les Nations unies. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 40 personnes sur le continent.

En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a déclaré l’état d’urgence dans le pays, dont les frontières sont fermées depuis ce dimanche 22 mars. Dans une allocution télévisée consacrée à la lutte contre le coronavirus, le président ivoirien a aussi détaillé sept nouvelles mesures parmi lesquelles la fermeture des restaurants et maquis, l’instauration d’un couvre-feu entre 21h et 5h à compter de mardi, l’interdiction des déplacements non autorisés entre Abidjan et l’intérieur du pays ou encore « le confinement progressif par aires géographiques en fonction de l’évolution de la pandémie ».

Au Sénégal, le président Macky Sall a lui aussi déclaré à partir de ce lundi soir l’état d’urgence sur tout le territoire pour faire face à la pandémie de coronavirus. Un couvre-feu est instauré de 20 h à 6h. Dans son message à la nation, le chef de l’État a notamment annoncé la restriction de circulation, l’interdiction de tout cortège, rassemblement et manifestation sur la voie publique, la fermeture des lieux publics et de réunion. Il a prévenu que « ces mesures non exhaustives pourraient évoluer en fonction des circonstances. » D’après le dernier bilan du ministère de la Santé, ce lundi en fin d’après-midi, 12 nouveaux cas ont été testés positifs. À ce jour, le pays enregistre 71 cas sous traitement, 8 déclarés guéris et aucun décès.

Confinement national en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, le pays africain le plus durement touché, les cas confirmés se sont multipliés en 24 heures, passant à plus de 400. Le président Cyril Ramaphosa a annoncé, ce lundi 23 mars, un confinement national de la population du pays pendant trois semaines, à compter de jeudi, pour tenter d’enrayer la propagation rapide du nouveau coranivirus.

« Un confinement national sera mis en place pendant 21 jours, il sera imposé à partir de jeudi minuit », a déclaré le président sud-africain lors d’un discours télévisé, indiquant que cette mesure visait à prévenir une « catastrophe humaine ».

Cyril Ramaphosa a également annoncé que l’armée serait déployée dans les rues pour faire respecter le confinement national. « J’ai ordonné le déploiement des Forces de défense nationale sud-africaines pour aider la police à faire respecter les mesures que nous avons annoncées ».

Le Burkina Faso durement touché

Quatre personnes ont été emportées par la pandémie jusqu’à ce jour au Burkina Faso, selon le ministère de la Santé. Le pays le plus durement touché d’Afrique de l’Ouest totalise 99 cas confirmés.

Depuis le début de la pandémie, la cellule d’alerte a enregistré plus de 42 000 appels, selon le coordonnateur national de la réponse à la pandémie, le professeur Martial Ouédraogo.

Vigilance au Mali

Le Mali doit « redoubler de vigilance » à la frontière avec le Burkina Faso, selon le ministre de la Santé, Michel Sidibé. Dans un communiqué daté du 20 mars, le dernier en date, son ministère affirme qu’aucun cas n’a été confirmé jusqu’à ce lundi au Mali.

Le virus coûte la vie à un imam en Gambie

La Gambie, pays enclavé dans le Sénégal, a fermé ses frontières après l’annonce, dans la nuit de dimanche à ce lundi, du décès d’un ressortissant du Bangladesh, un imam âgé de 70 ans. Il s’agit du deuxième cas déclaré et du premier décès en Gambie. Ce religieux, arrivé via le Sénégal le 13 mars, avait été en relation avec de nombreuses personnes. Avant la Gambie, il avait visité six pays pour des programmes de prières.

Le Nigeria contre-attaque sur Twitter

Le pays le plus peuplé d’Afrique rapporte un premier décès. Il s’agit d’un homme, âgé de 67 ans, qui était rentré récemment du Royaume-Uni où il était soigné pour d’autres pathologies.

Pour contrer les pasteurs qui prétendent que le virus n’a pas encore frappé le Nigeria, les autorités ont lancé des campagnes anti-intox. Elles incitent la population à cesser de relayer les messages dont la source ne serait pas le Nigeria Centre for Disease Control.

La Guinée n’est pas épargnée

À Conakry, les autorités sanitaires signalent deux nouveaux cas, portant à quatre le nombre de cas confirmés. Il s’agit d’un couple rentré de France à la mi-mars.

Fonctionnaires en congés à Djibouti

Djibouti accentue les mesures pour empêcher la propagation du coronavirus. Le président Ismaël Omar Guelleh a décrété, ce lundi, une semaine de congés pour l’ensemble des fonctionnaires, en dehors des services de Santé, de la Police, de la Gendarmerie et de l’Armée, notamment.

Les commerces devront rester fermés à l’exception des magasins d’alimentation, pharmacies, banques et stations-service.

Au Zimbabwe, une voix s’éteint

Un journaliste radio, Zororo Makamba, est la première victime de la pandémie au Zimbabwe, selon le ministre de la Santé, Obediah Moyo. Zororo Makamba était âgé de 30 ans.

Fermeture des frontières en Éthiopie

Addis Abeba a annoncé, ce lundi, la fermeture de ses frontières terrestres à tous mais pas aux biens jugés essentiels. Des soldats chargés de faire respecter cette mesure ont été déployés, selon un communiqué du Premier ministre.

Un numéro vert en Mauritanie

Les autorités annoncent la création d’un centre d’appel dédié au coronavirus. Par ailleurs, deux malades, des ressortissants de l’Australie et du Bangladesh, sont en soins intensifs, selon le ministre de la Santé.

Au Maroc, confinement et état d’urgence sanitaire

Au Maroc, ce lundi matin, le ministère de la Santé a fait un dernier bilan des personnes touchées par le virus Covid-19 : 122 cas sont officiellement recensés dans le royaume. En conséquence, dès vendredi, le gouvernement a instauré des mesures de confinement de la population et l’état d’urgence sanitaire a été décrété dimanche soir.

À partir de minuit lundi, il n’y aura plus de trains en circulation au Maroc. Les grands taxis blancs reliant les villes entre elles ne circulent déjà plus, de même que les vols intérieurs de la compagnie aérienne nationale. La circulation des tramways à Rabat et Casablanca est réduite. Le gouvernement a appelé les journaux à stopper leur impression. Les commerces alimentaires du Nord doivent fermer à 18h et les opérations de rapatriement des touristes étrangers sont terminées.

Le Maroc s’est donc immobilisé ce week-end. Toute circulation en ville doit désormais être justifiée par une attestation. Mais quelques incidents ont eu lieu, surtout dans des quartiers pauvres, à Tanger, Fès, Tétouan, Salé et Ksar Kebir.

À Tanger, des dizaines de jeunes sont sortis bruyamment dans les rues pour dénoncer le confinement et la fermeture des mosquées. Deux meneurs ont été arrêtés mais des prières ont été lancées, depuis les fenêtres des immeubles, dans plusieurs quartiers pour les soutenir.

Ces entorses ont aussitôt été condamnées par tous les partis représentés au Parlement, notamment les islamistes. Désormais, l’état d’urgence sanitaire permet aux forces de sécurité d’arrêter et de présenter à la justice tout contrevenant. Les peines pour « rébellion » ont été aggravées.

La BCEAO à la rescousse

En Afrique de l’Ouest, la BCEAO, la Banque centrale des huit pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) a décidé d’injecter 340 milliards de francs CFA (500 millions d’euros) chaque semaine dans l’économie. Prise ce week-end, cette décision est mise en application dès ce lundi. Cette somme s’ajoute au montant que la BCEAO accorde chaque semaine à ses antennes des huit pays membres. La somme globale hebdomadaire est ainsi portée à 4 750 milliards de francs CFA.

Cette hausse devrait permettre à chaque banque centrale d’éviter la baisse du financement de l’économie. Pour aider les entreprises privées à faire face aux conséquences collatérales du Covid-19, la BCEAO va faire la cotation de 1 700 d’entre elles, qui étaient jusqu’ici exclues de son portefeuille.

Les Banques de la zone CFA ouest-africaine auront donc accès à des ressources complémentaires de plus de 1 000 milliards de francs CFA, ce qui va ainsi donner aux entreprises privées concernées la possibilité de négocier et de bénéficier de meilleures conditions pour leurs emprunts. Pour les dépenses urgentes liées à la lutte contre la pandémie, les pays membres de l’UEMOA auront 25 milliards de CFA à se partager, via un fonds versé à la Banque ouest africaine de développement.

La BCEAO a par ailleurs exhorté le secteur bancaire de la zone à soutenir les petites et moyennes entreprises mises en difficulté par les effets du coronavirus, en leur accordant par exemple des reports pour le remboursement de leurs crédits.

RFI