Tracasseries, trafic, insécurité… Les frontières en Afrique de l’Ouest, au total 32 000 kilomètres, sont vues et vécues comme un frein à l’intégration régionale. Pourtant les zones et les populations frontalières pourraient constituer un puissant levier de développement et un moteur pour la coopération, en particulier au Sahel. Des initiatives existent… Elles ont été présentées et discutées à Cotonou lors d’un séminaire qui a eu lieu début juillet (les 3 et 4 juillet). Séminaire organisé par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, l’Uemoa et la coopération suisse.

40 millions d’Africains de l’Ouest (sur les 300 millions) vivent à 50 kilomètres d’une frontière. Ces espaces frontaliers sont les nœuds des échanges et donc au cœur de l’intégration régionale, selon Laurent Bossard, du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. « Ils ont une fonction dans le bon fonctionnement des échanges régionaux. Et par là même, dans le fonctionnement et la création d’un marché plus vaste et pour qu’il soit fluide et qu’il n’y ait pas d’entraves, il faut que les zones frontalières deviennent des zones de coopération et non plus des zones de rupture, qui empêchent le fonctionnement et la création de ce marché. »

Comment faire de ces zones un levier de développement ? L’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) y travaille. Elle développe depuis 2016 le Programme de coopération transfrontalière local. Avec l’appui de la Suisse, pays qui a une tradition de gouvernance à la base. Les communautés échangent déjà, mais il faut les accompagner, selon El Hadji Malick Diop, du conseil des collectivités territoriales de l’Uemoa. « Ce qui reste, c’est de formaliser tout ça dans un cadre cohérent et harmonisé. Les collectivités locales ont un rôle prépondérant à jouer et aujourd’hui, les exécutifs locaux sont amenés à mettre en place des cadres de concertation qui vont au-delà des frontières. Il y a la prise en compte du pastoralisme ; on sait qu’il y a beaucoup de problèmes et je pense qu’avec ce cadre de concertation, on y arrivera. »

La nécessité d’appliquer les lois existantes

Ça passe par les schémas d’aménagement transfrontalier intégré. Il y en a un dans la zone Burkina Faso-Niger-Mali. Les populations de 8 communes dans les 3 pays ont participé. Elles ont proposé des infrastructures communes ou partagées : marchés, abattoirs, pistes, centres de santé.

Le défi maintenant, c’est la mise en œuvre. Il faut des financements et la garantie d’une libre circulation des marchandises, explique Aziz Diallo, le maire de Dori. « Si vous construisez une usine d’aliments pour le bétail à Dori et que cette production a des difficultés de traverser la frontière pour arriver au Niger, vous avez des problèmes ; c’est la même chose aussi du côté du Mali. Il faut donc appliquer les textes existants, parce que l’élevage constitue la force économique de la zone et il emploie beaucoup de personnes. Donc, si nous arrivons à mettre en place les projets et à les exécuter, les effets vont se faire ressentir au-delà de l’activité économique. »

Car la coopération transfrontalière a aussi un impact sur la sécurité et sur les migrations.

RFI