Un deuil national de trois jours a été décrété au Niger en hommage aux soldats tués lors de l’attaque du camp militaire d’Inates. En attendant les enquêtes, des Nigériens s’interrogent sur les circonstances de l’assaut.

71 morts et plusieurs disparus : c’est le bilan encore provisoire de l’assaut mené par les djihadistes contre le camp militaire d’Inates dans l’ouest du Niger, près de la frontière malienne. L’Etat islamique a revendiqué l’attaque. Il ne s’agit pas de la première qui vise ce camp.

Le 1er juillet, la base d’Inates avait déjà été la cible d’une attaque qui avait coûté la vie à 18 soldats nigériens et avait été revendiquée par le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest.

Selon Amadou Gounti Diallo, ancien militaire qui enseigne à présent à l’université, cette nouvelle attaque a été rendue possible grâce à une très bonne connaissance du lieu. Ce qui peut laisser supposer des complicités.

C’est une zone difficile d’accès, les gens qui ont attaqué nos forces armées sont très bien renseignés. Les renforts ne pouvaient pas arriver là-bas en 15, 20  ou 30 minutes. C’est une zone très enclavée, il n’y a pas de route. La base a été attaquée il y a six mois et il y a eu des réaménagements. Si elle a été de nouveau attaquée, c’est parce que les djihadistes sont en train d’acquérir une puissance supérieure à la capacité dont nous disposons“, explique l’universitaire.

Dépassant le stade des embuscades avec des mines posées le long des routes, les groupes djihadistes osent désormais des attaques de front contre des postes militaires.

Une nouvelle stratégie

Pour cette nouvelle attaque à Inates, “les assaillants étaient organisés tactiquement, bien équipés avec des mortiers et des véhicules kamikazes”, soutient Amadou Gounti Diallo qui insiste aussi sur l’inaction des forces étrangères dans la région. “Elles n’ont pas été en mesure de prêter main forte aux militaires nigériens”, regrette-t-il.

Pour l’enseignant-chercheur Abderrhamane Dicko, spécialiste des questions de radicalisation, il y a un problème de surveillance et de communication qui se pose.

Selon lui “c’est un espace qui est censé être surveillé, contrôlé par des drones, des agents de renseignement. Nous avons certainement mal fait, nous avons beaucoup plus misé sur les informations provenant de ces bases militaires installées un peu partout dans notre espace. Le gouvernement du Niger est aujourd’hui partagé, il est engagé sur plusieurs fronts”.

Abderrhamane Dicko s’interroge également sur l’armement des djihadistes. Un arsenal qui, du point de vue du chercheur, provient certainement des anciens stocks du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi.

Source: dw