Pour les agriculteurs d’Afrique de l’ouest, de bonnes récoltes ne riment pas forcément avec plus d’argent.

 

Lorsque la saison des pluies s’achève dans la sous-région, les producteurs sont face à un dilemme : se retrouver coincés avec un excédent de denrées périssables ou bien vendre celles-ci à des prix souvent très bas simplement pour écouler leur stock.

Le Financement par Récépissés d’Entrepôt (FRE) permet aux exploitants agricoles de stocker leurs récoltes dans des entrepôts certifiés et de les utiliser comme garanties pour obtenir des prêts d’institutions financières.

Ce système bénéficie à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur agricole : agriculteurs et coopératives, commerçants, transformateurs et exportateurs, gestionnaires d’entrepôts, banquiers et bien entendu consommateurs. Des millions de tonnes sont stockées en Afrique du sud et en Inde grâce au système de récépissé d’entrepôt et en Inde, elles servent à garantir jusqu’à plusieurs milliards de dollars en prêts. Ceci dit, pour mettre en place un système de FRE, il faut que les secteurs public et privé travaillent ensemble pour adapter les politiques publiques, développer les infrastructures d’entreposage et créer un environnement favorable aux acteurs privés.

Pour aider à accélérer ce processus complexe en Afrique de l’ouest, IFC, un membre du Groupe de la Banque mondiale, a récemment réuni à Accra, au Ghana, plus de 100 agro-entrepreneurs, banquiers, assureurs, régulateurs, fournisseurs de services d’entreposage et de garanties, tous venus de la région.

Tous ces participants ont unanimement affirmé leur soutien au FRE, mais ont aussi regretté les retards accusés pour lancer ce système et ont identifié des contraintes à lever :

  1. La législation. Pour que le FRE soit fonctionnel, il faut que les gouvernements passent les lois et réglementations pour positionner officiellement le récépissé d’entrepôt comme outil de commerce et de financement reposant sur les denrées entreposées. La Côte d’Ivoire, le Ghana, le Niger et le Sénégal, entre autres, ont réalisé des progrès en introduisant un cadre légal et réglementaire pour le récépissé d’entrepôt et en mettant en place des institutions pour soutenir et superviser ce système – mais des efforts importants restent à fournir.
  1. Les normes de qualité. Il est important pour les gestionnaires d’entrepôts de s’assurer que les produits qu’ils reçoivent remplissent des normes de qualité, même minimales. Les produits qu’entreposent les agriculteurs doivent répondre aux attentes du marché. Un contrôle de qualité peu rigoureux à l’entreposage peut faire perdre confiance aux acheteurs. Aussi faut-il établir des normes de qualité – des produits entreposés et des pratiques d’entreposage – qui soient acceptées par les acteurs le long de la chaîne de valeur agricole.
  1. Les infrastructures. Le FRE ne marche que si les agriculteurs ont accès à des entrepôts. Les gouvernements et le secteur privé doivent donc collaborer pour encourager les investisseurs à construire des entrepôts dans les zones rurales ou reculées.
  1. L’harmonisation. L’intégration régionale est une priorité pour l’Afrique de l’ouest. De fait, il faut harmoniser les approches au FRE, quand et où cela est possible, tout en respectant les spécificités des différents marchés et chaînes de valeur.

IFC a déjà aidé la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Sénégal et d’autres pays à jeter les bases d’un système de FRE. Les acteurs qui interviennent dans les filières des céréales et des grains telles que le maïs, le sorgho et le riz, ou encore les cultures commerciales comme l’anacarde, les arachides et le cacao en profitent déjà.

A travers son programme régional pour le système de récépissé d’entrepôt en Afrique de l’ouest (Invest West Africa Warehouse Receipt Regional Program), IFC va aider les gouvernements à introduire et développer le FRE afin qu’il profite à des centaines de milliers d’agriculteurs et d’agro-PME qui se créent à travers la région.

Par David Ivanovic, Spécialiste senior pour le secteur privé et Jean Saint-Geours, Economiste principal, tous deux à IFC.
Invest West Africa, un programme régional d’assistance technique financé par l’USAID et géré par le Groupe de la Banque mondiale, œuvre pour créer des opportunités sur les marchés et développer les entreprises en travaillant avec les secteurs public et privé en Afrique de l’ouest.

La rédaction
Lejecom