En Éthiopie, à un an des élections générales, le paysage politique est en pleine évolution. Dans les grandes régions comme l’Oromiyaa et l’Amhara, des partis nationalistes se préparent à rivaliser avec la coalition au pouvoir depuis 1991.

Mais à l’opposé de ces formations qui épousent le système fédéral éthiopien, un nouveau parti a vu le jour vendredi à Addis Abeba. Le parti des « Citoyens éthiopiens pour la justice sociale » tenait son congrès fondateur dans la capitale en présence de plus d’un millier de délégués. « Unité, unité » scandent les militants du nouveau parti. Sur scène, ils sont 14 à prêter serment. Beaucoup d’hommes âgés de plus de 50 ou 60 ans et une jeune femme. A la tribune, le leader Berhanu Nega, tête de file de l’opposition anti-fédéralisme ethnique en 2005. A l’époque, il aurait même dû être le maire d’Addis. Mais manœuvres politiques et répression avaient eu raison de lui. Depuis les États-Unis et l’Érythrée, il a ensuite dirigé le mouvement Ginbot 7. Aujourd’hui il est le leader naturel de cette nouvelle formation. « Tu as parfois envie de te pincer. Tu te demandes si c’est réel ce qui se passe depuis 8, 9 mois », explique Berhanu Nega qui est revenu d’exil en septembre 2018. Le programme politique se déroule dit-il en une vingtaine de pages. « On se bat pour la justice sociale, pour une politique basée sur la citoyenneté, nous pensons qu’il faut sortir de cette politique basée sur l’ethnie qu’on vit depuis vingt et quelques années. Et tout notre programme socio-économique émane de cette philosophie générale de justice sociale, de social-démocratie. » La formation aura sans doute une forte assise dans la capitale multiculturelle. Mais ce sera plus compliqué dans les États régionaux. Berhanu Nega a d’ailleurs récemment été empêché de tenir une réunion publique en région Amhara. Mais cela n’inquiète pas les dirigeants du parti. Ils revendiquent 70 000 membres et une présence organisée dans 312 circonscriptions du pays. « C’est d’ores-et-déjà une réussite herculéenne » conclu Berhanu Nega au son d’Éthiopie, mon pays, du chanteur Teddy Afro.

RFI