Le temps s’est arrêté au Rwanda cette année de 1994, qui a vu des voisins se massacrer, divisés par un gouvernement qui avait programmé et planifié ce mouvement de longue date.

Paul Kagame president rwandais

Au Rwanda, le génocide est resté vivace dans les esprits. Il est au cœur de tout décompte. Ainsi, pour dater, les Rwandais vous diront toujours « avant le génocide » ou « port-génocide ».

Le génocide ! Il faut voir les traces pour comprendre le drame qu’a connu ce peuple. Les 90M des rwandais qui ont la trentaine ou plus, sont nés à l’exil, loin de leur terre. Le gouvernement, pour garder la mémoire, a érigé des mémoriaux, des centres qui retraces l’historique de ce massacre jamais égalé sur le continent.

A Bugesera, une localité dénommée N’Tarama a été un grand lieu de massacre. Les Tutsi qui s’étaient réfugiés dans une église ont été massacrés sur place. « Plus de 5 000 tutsi ont été tués ici en une semaine, du 7 au 15 avril 1994 », affirme notre guide qui nous montre des restes, les machettes toujours maculées déposées sur place. Deux fosses communes existent, mais, à côté, il y a un ossuaire, avec, rangés sur des étagères, des centaines de cranes et d’ossements humains.

Alors, chaque année, à la même période, les survivants se retrouvent sur place pour commémorer ces massacres et se souvenir.

A Kigali, le gouvernement a créé un « centre mémoriel ». Là, 1250 tutsi ont été massacrés. Le génocide, sur tout le territoire a duré 100 jours. Au centre mémoriel, les témoignages vous glacent les os et vous arrachent involontairement des larmes. Ce génocide s’inscrit historiquement dans un projet génocidaire latent depuis plusieurs décennies, à travers plusieurs phases de massacres de masse, et stratégiquement dans le refus du noyau dur de l’État rwandais de réintégrer les exilés Tutsis, objet de la guerre civile rwandaise de 1990-1993.

La discrimination rwandaise entre Hutus et Tutsis, qualifiée d’ethniste par des spécialistes, qui a atteint un point culminant en 1994, s’est construite dans un processus historique complexe entre la réalité de la population du Rwanda et la façon dont les colonisateurs d’une part, et les divers Rwandais d’autre part, l’ont perçue et expliquée.

La société rwandaise traditionnellement se divise en 3 groupes selon la profession exercée :

  • les Tutsi : propriétaires de troupeaux, les plus riches et puissants ;
  • les Hutu : agriculteurs, paysans ;
  • les Twa : artisans et ouvriers.

Alexis Kalambry

(envoyé spécial)

 

Source: lesechos