Des tensions insistantes dans les relations entre le Rwanda et l’Afrique du Sud. Ces derniers jours, des pics entre responsables gouvernementaux par médias interposés tendent à freiner le processus de normalisation des relations diplomatiques voulue par les dirigeants des deux pays.

Lindiwe Sisulu, ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération traitée de « prostituée ». Cette insulte venue du site Rushyashya, un média qui selon les exilés politiques rwandais serait géré par les renseignements militaires de leur pays, a mis le feu aux poudres entre Kigali et Pretoria. Si l’article contenant ces propos outranciers a été supprimé du site, des tweets postés par le vice-ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, ont également été jugés offensants par Pretoria. Le porte-parole de Mme Sisulu qui s’est exprimé sur la BBC a déclaré que les propos sur les réseaux sociaux étaient “inacceptables” et “doivent cesser”.

Depuis, l’Afrique du Sud a rappelé son Haut-commissaire au Rwanda, George Twala, pour consultation. De même que le Haut-Commissaire du Rwanda en Afrique du Sud, Vincent Karega, a été convoqué au siège du Département des relations internationales et de la coopération à Pretoria pour s’expliquer sur ces insultes.

Un regain de tensions entre les deux capitales qui a débuté en novembre, lors que Lindiwe Sisulu, la cheffe de la diplomatie sud-africaine a rencontré l’ancien chef de l’armée rwandaise et un des chefs de l’opposition rwandaise, en exil en Afrique du Sud, le général Faustin Nyamwasa Kayumba. À la sortie de cette rencontre, Mme Sisulu s‘était dit « agréablement surprise » de savoir qu’il avait créé un parti d’opposition et qu’il était prêt à participer à un dialogue avec le gouvernement rwandais.

Tirs groupés de la diplomatie rwandaise

Une déclaration qui a visiblement provoqué l’ire de Kigali. Le vice-ministre des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a aussitôt réagi, affirmant que si un responsable sud-africain souhaitait négocier avec un “criminel condamné” qui dirigeait un “mouvement subversif”, il était libre de le faire, mais il ne devrait “jamais penser” à faire participer le Rwanda à ce processus. Plus tard, le compte officiel du gouvernement rwandais a repris un tweet de son ministre des Affaires étrangères, Richard Sezibera affirmant que : « Mon homologue et moi avons été chargés de discuter des moyens de rétablir nos relations. Cela n’a rien à voir avec des criminels présumés ». Le site Rushyashya est allé plus loin, affirmant que « La prostituée de Kayumba, Lindiwe Sisulu, tente d’organiser une réunion entre lui et le président Kagame. »

À présent, ces réactions mettent en péril le processus de normalisation enclenché par Pretoria et Kigali après les soubresauts qui ont entaché leurs relations diplomatiques. En 2014, en effet, l’Afrique du Sud a expulsé des diplomates rwandais à la suite de plusieurs tentatives d’assassinat contre des dirigeants rwandais en exil à Johannesburg. Depuis lors, les relations se sont dégivrées. En marge du sommet de l’Union africaine qui s’est tenu en mars à Kigali, les présidents rwandais Paul Kagame et sud-africain Jacob Zuma ont du reste convenu de relancer la coopération.

La ministre Lindiwe Sisulu , au cœur de la nouvelle polémique, a été chargée de conduire les négociations pour le camp sud-africain. Mais selon des sources au sein du Département des relations internationales et de la coopération citées par le site sud-africain Daily Maverick, elle aurait décidé d’annuler le processus jusqu‘à nouvel ordre. Le président Ramaphosa prendra-t-il lui aussi offense de la tirade rwandaise ? Ou alors, décidera-t-il de passer sur l’incident dans l’intérêt d’une amélioration des relations entre les deux pays ? Pour l’heure, hormis la principale concernée, le gouvernement sud-africain est resté silencieux sur l’affaire.

 

Source: africanews