L’insécurité au Burkina Faso oblige des civils en nombre croissant à fuir leur foyer en quête de sécurité dans leur propre pays ou à rejoindre le Mali en tant que réfugiés.

« L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés reste alarmée par la hausse spectaculaire des déplacements forcés au Sahel » et réitère donc son appel pour la protection des populations civiles et des personnes qui ont fui la violence », a déclaré un porte-parole du HCR, Babar Baloch, lors d’une conférence de presse ce vendredi à Genève.

Environ 14.000 personnes ont déjà fui leur foyer au Burkina Faso au cours de la seule période des 17 derniers jours. Ce qui porte à 780.000 le nombre total de déplacés internes.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), les violences récentes ont également forcé plus de 2.035 personnes à fuir vers le Mali voisin.

Parallèlement, l’agence onusienne se préoccupe du « nombre inquiétant de réfugiés maliens » déclarant « qu’il est désormais plus sûr de retourner dans leur pays d’origine, le Mali, plutôt que de rester au Burkina Faso ». Près de 700 réfugiés maliens sont déjà partis en camion en direction de la région de Gao, au nord du Mali.

De façon générale, l’insécurité rend la vie beaucoup plus difficile pour les réfugiés maliens qui avaient rejoint le Burkina Faso en quête de protection.

Le HCR rappelle à cet égard « les violentes attaques très inquiétantes » qui ont eu lieu ce mois-ci aux environs de Dori, et également dans le nord-est. Des camps et des villages ont été pris pour cible. Les habitants ne peuvent plus accéder aux marchés ou aux écoles et les activités pour venir en aide à ces familles se font rares.

Situation sécuritaire instable dans certaines parties du Mali

Environ 70% parmi les 8.781 réfugiés qui vivent à Goudoubo ont d’ailleurs choisi de quitter volontairement le camp, soit pour retourner au Mali (57%), soit pour être relocalisés dans d’autres villes au Burkina Faso (13%).

Le Burkina Faso accueille plus de 25.000 réfugiés maliens, mais beaucoup parmi eux choisissent de rentrer au Mali, et ce malgré l’insécurité qui y règne. En novembre 2019, le HCR avait été contraint de relocaliser temporairement son personnel depuis Djibo, une ville située au nord-est du pays. Depuis lors, la distribution d’aide – notamment de vivres – aux 7.000 réfugiés hébergés dans le camp de Mentao y est sporadique.

Quand les réfugiés décident de rentrer chez eux, ils sont informés de « la situation sécuritaire instable dans leur lieu d’origine » ou d’autres régions de leur choix, avant d’y effectuer un retour librement consenti. « Ni les acteurs humanitaires ni les forces de défense maliennes ne peuvent accéder à certains des villages dans les régions de Ntilit et de Ngossi », a fait valoir M. Baloch.

Au Mali, alors que les premiers retours s’effectuent, le HCR renforce sa présence dans les régions de N’tillit, Gossi, Gao et Tombouctou. 28 points d’enregistrement ont été ainsi identifiés pour suivre la situation aux points d’entrée et dans les zones d’accueil. Une fois enregistrés, les rapatriés recevront une aide en espèces pour faciliter leur réintégration dans la dignité en réduisant leur vulnérabilité.

Alors que les réfugiés maliens fuient l’insécurité survenant au Burkina Faso, des réfugiés nouvellement arrivés depuis le Burkina Faso ont fui vers Koro, dans le cercle de Bankass, une collectivité territoriale dans la région de Mopti. Les équipes du HCR sur le terrain, en coopération avec les autorités locales, les enregistrent et évaluent leurs besoins afin de pouvoir leur fournir rapidement une aide, en mettant particulièrement l’accent sur les abris, l’éducation, la prévention ainsi que la lutte contre la violence sexuelle et sexiste.

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