L’Afrique de l’Est connaît actuellement la pire invasion de criquets pèlerins depuis plusieurs décennies. Une invasion dévastatrice qui pourrait s’étendre davantage dans les mois qui viennent et risque de provoquer à terme une crise alimentaire sans précédent.

C’est la conclusion livrée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation, la FAO, au cours d’une conférence de presse vendredi à Nairobi. Des essaims de criquets dévastent déjà depuis des semaines les champs et les pâturages de l’Ethiopie, de la Somalie et du Kenya.

L’Éthiopie et la Somalie n’avaient pas vu d’essaims de criquets pèlerins d’une telle ampleur depuis 25 ans, et le Kenya n’avait pas eu à affronter une menace acridienne d’une telle force depuis 70 ans, selon la FAO.

Des foyers ont été localisés à Djibouti, au Soudan et en Érythrée. Et on craint désormais leur apparition au Soudan du Sud et en Ouganda.

Les éleveurs en danger

Selon la FAO, si rien n’est fait le nombre de criquets pourrait en effet être multiplié par 500 d’ici le mois de juin. « Alors que les pluies commencent en mars, a expliqué le coordinateur de la FAO pour l’Afrique de l’Est, David Phiri, il y aura une nouvelle vague de reproduction. Maintenant est donc le meilleur moment pour contrôler les essaims et protéger les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des populations. »

Pour l’heure, les moissons étant déjà faites, les plantations ont été relativement épargnées, mais la saison des nouveaux semis doit démarrer en mars. Ce sont surtout les éleveurs qui sont durement touchés, les criquets dévorant la nourriture des animaux dans une région qui se remet à peine de trois ans de sécheresse.

« Plus de 11 millions de personnes au Kenya, en Éthiopie et en Somalie souffrent déjà d’une insécurité alimentaire aiguë. Les criquets menacent d’aggraver les choses. Il est essentiel d’anticiper une éventuelle détérioration », a écrit sur Twitter la FAO.

Selon le Centre de prévision et d’applications climatologiques, ce phénomène est le dernier symptôme du dérèglement du climat mondial, faisant se confronter les températures de l’eau entre l’est et l’ouest de l’océan Indien.

RFI