Le Conseil des droits de l’homme a tenu ce mardi un dialogue renforcé sur la situation des droits de l’homme au Burundi, en présence des trois membres de la mission d’experts indépendants sur le Burundi qui ont présenté la semaine dernière leur Rapport soulignant que la grande majorité des violations constatées au Burundi avaient été commises par les organes de l’État.

secretaire general ONU Ban Ki-moon Burundi president Pierre Nkurunziza.

De nombreuses délégations sont intervenues dans le cadre du débat sur le Burundi. À l’instar de l’Union européenne, la majorité d’entre elles ont fait part de leurs profondes préoccupations face aux violations graves et systématiques des droits de l’homme, commises principalement par des membres des forces de sécurité gouvernementales dans un climat d’impunité totale.

Le Burundi sur le point d’être viré du conseil des droits de l’Homme

De nombreuses délégations ont apporté leur soutien à la création d’une commission d’enquête afin de faire la lumière sur les crimes commis, comme le proposera un projet de résolution soumis à la présente session du Conseil, selon ce qu’a indiqué la délégation autrichienne, au nom d’un groupe de pays. Compte tenu des violations en cause, plusieurs délégations ont estimé que le statut du Burundi (en tant que membre) au sein du Conseil devrait être réexaminé.

Des recommandations formulées

Évoquant les recommandations formulées par le groupe des trois experts indépendants s’agissant du Burundi, M. de Greiff, rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition et membre de la mission d’experts, a souligné que le Gouvernement devait prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’indépendance du judiciaire et la prévalence du droit.

Le Gouvernement doit immédiatement mettre un terme à ses représailles contre les personnes ayant collaboré avec le système international des droits de l’homme, a-t-il insisté. L’Union africaine et les Nations Unies doivent quant à elles demeurer saisies de la situation burundaise, a-t-il poursuivi. Tout doit être fait pour préserver l’Accord d’Arusha, a ajouté M. de Greiff. Au cas où le Burundi ne se conformerait pas à la résolution 2303 du Conseil de sécurité des Nations Unies de juillet dernier prévoyant le déploiement d’une unité de police onusienne, le chapitre VII de la Charte de l’ONU sur la menace à la paix et la sécurité devrait être invoqué, a-t-il conclu.

Le Burundi nie toutes les allégations

Martin Nivyabandi, Ministre des droits de l’homme, des Affaires sociales et du Genre du Burundi, a non seulement réfuté les allégations gratuites et graves véhiculées dans le rapport d’experts de l’enquête indépendante, mais a surtout dénoncé les procédés peu professionnels empruntés pour la collecte, aux fins de l’élaboration de ce rapport, d’informations couvrant la période du 15 avril 2015 au 30 juin 2016.

Il a jugé inadmissible qu’un rapport des Nations Unies soit confectionné uniquement sur la base de témoignages anonymes, un contenu que les experts, à ses yeux, n’osent pas assumer, faute de preuves tangibles. Le Ministre burundais a notamment reproché aux experts de condamner sans réserve les autorités du Burundi, ses corps de défense et de sécurité et la Ligue des jeunes Imbonerakure du CNDD-FDD, en se fondant «sur des témoignages anonymes et sur des allégations sans fondement».

INNOCENTE NICE

Source: Afriquinfos