Six albinos ont décidé de se présenter aux élections générales prévues l’année prochaine au Malawi pour dénoncer les préjugés et les violences meurtrières qui frappent régulièrement leur communauté depuis des années.

Membres de l’Association des personnes albinos (APAM), ces six candidats vont briguer un siège au Parlement ou dans un des conseils municipaux du pays.

C’est un progrès car un des facteurs qui contribue aux violations de nos droits est précisément notre invisibilité“, a commenté à l’AFP le directeur de l’ONG, Overstone Kondowe.

Dans le passé, nous n’avons jamais activement participé à la vie politique, au développement (du pays) ou aux décisions du gouvernement”, a-t-il ajouté, les élections sont “une façon de briser ce mur et de placer certains de nos membres dans des institutions qui prennent des décisions“.

Chaque année en Afrique, des albinos, qui souffrent d’une absence de pigmentation de la peau, du système pileux et de l’iris des yeux, sont pourchassés, tués et amputés de leurs membres, qui sont ensuite utilisés pour des rituels censés apporter richesse et chance.

Ce phénomène s’est particulièrement développé ces dernières années au Malawi, où les attaques se comptent chaque année par dizaines et visent jusqu’aux très jeunes enfants.

L’APAM a rapporté depuis 2014 un total de 148 cas de violences dirigées contre les albinos, dont 22 meurtres.

Seuls 44 de ces dossiers ont fait l’objet d’une enquête judiciaire en bonne et due forme qui, ajoute l’ONG, s’est conclue dans 90% par un non-lieu ou un acquittement.

Il existe une réticence évidente du gouvernement à prendre des mesures“, a dénoncé Overstone Kondowe. “A mon avis, l’intérêt exprimé (par ces candidats) pour la politique est dû à la prise de conscience de leurs droits (…) et à leur frustration d’attendre que quelqu’un d’autre prenne des décisions en leur faveur”.

Amnesty International a dénoncé jeudi l’inaction du gouvernement du Malawi face aux crimes contre les albinos.

Les autorités doivent immédiatement mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes. Elles doivent d’abord s’assurer que tous les enquêtes soient menées sans délai”, a exigé dans un communiqué le responsable de l’ONG pour l’Afrique australe, Deprose Muchena.

Selon l’APAM, près d’un tiers des violences commises contre les albinos sur le continent africain ont lieu au Malawi.

AFP