Des dizaines de personnes ont trouvé la mort mardi au cours d’un double attentat dans le nord-est du Nigeria, au lendemain de la visite du président nigérian à la Maison-Blanche où il a remercié Washington pour son aide dans le combat contre Boko Haram.

En début d’après-midi mardi, à 13h30 (heure locale), un kamikaze s’est fait exploser dans une mosquée de Mubi, dans l’État d’Adamawa, puis un second, dans un marché qui se trouve à proximité, au moment où les fidèles s’enfuyaient.

Le porte-parole de la police locale, Othman Abubakar, a confirmé la mort de 24 personnes, mais des bilans plus lourds ont été donnés par des témoins.

«Pour l’instant [le bilan des victimes] est de 24», a-t-il expliqué à l’AFP. «L’équipe spécialisée est déjà sur place et il leur a été donné l’ordre de ‘nettoyer’ la scène.»

«C’est le chaos ici», a rapporté à l’AFP un secouriste volontaire, Habu Saleh. «Nous avons transporté des dizaines de morts et de blessés vers l’hôpital et l’opération de secours est toujours en cours». Il lui était impossible de donner un bilan exact des victimes en milieu d’après-midi, soulignant que l’opération d’évacuation des blessés était toujours en cours.

Sani Kakale, lui aussi sur place pour porter secours aux victimes, avance le chiffre de 42 morts et de 68 blessés.

«Alors que j’étais là-bas, 42 corps ont été comptés», a-t-il dit. «Je les ai vus de mes yeux».

Une source à l’hôpital de Mubi a rapporté quant à elle que 37 corps avait déjà été transportés à la morgue. «Pour l’instant, nous recensons 37 corps et des douzaines de blessés des deux lieux d’explosion», a expliqué cette source.

La ville de Mubi a été régulièrement visée par les attaques du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, qui sévit dans le nord-est du Nigeria.

Fin novembre, au moins 50 personnes ont été tuées dans un attentat similaire. En juin 2014, une quarantaine d’amateurs de soccer avait été tués, et en octobre 2012, 40 personnes avaient trouvé la mort dans une attaque contre des étudiants imputée au groupe Boko Haram.

Le conflit qui ravage les contours du Lac Tchad a fait plus de 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés au Nigeria depuis 2009.

Coopération militaire

La lutte contre le mouvement djihadiste a été au coeur de la rencontre entre le président nigérian Muhammadu Buhari et son homologue américain à la Maison-Blanche lundi.

«Nous sommes très reconnaissants aux États-Unis pour leur fort soutien dans notre lutte contre le terrorisme», a déclaré M. Buhari, qui est le premier président d’Afrique sub-saharienne à être reçu en visite officielle à Washington depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

«Nous apprécions également beaucoup votre accord pour vendre douze avions militaires Super Tucano A-29 et des armes au Nigeria pour se battre de manière effective», a-t-il ajouté.

Les États-Unis ont vendu cette année pour 496 millions de dollars d’armement au Nigeria, un contrat portant sur des avions Super Tucano qui avait été bloqué par l’administration de Barack Obama, après le bombardement accidentel par l’armée nigériane d’un camp de déplacés qui avait tué 112 civils à Rann, dans le nord-est du pays.

Campagne électorale

Buhari, qui souhaiterait briguer en deuxième mandat lors de la présidentielle de février 2019, a fait de la lutte antidjihadiste l’une des priorités, mais les attaques régulières et l’enlèvement d’une centaine d’étudiantes par le groupe djihadiste en février, mettent au jour les graves failles sécuritaires dans le nord-est du pays.

La semaine dernière, des combattants lourdement armés ont lancé une attaque contre la capitale de l’État du Borno, Maiduguri, bastion de la région qui abrite plusieurs millions de personnes et âprement sécurisée par l’armée nigériane.

Le groupe djihadiste est désormais divisé en deux factions principales, l’une dirigée par Abubakar Shekau et qui est active à la frontière avec le Cameroun, l’autre, ISWAP (État Islamique en Afrique de l’Ouest), qui agit principalement sur les pourtours du Lac Tchad et à la frontière avec le Niger.

Ce dernier double-attentat porte la marque du groupe de Shekau, qui utilise des kamikazes et vise les musulmans.

La presse.ca