Quand la joie laisse place au doute en Algérie. Lundi soir, les Algériens criaient victoire dans les rues, mais ce mardi, ils se questionnent. Après quasiment trois semaines de contestation, le président Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un 5e mandat. Il limoge aussi le Premier ministre Ahmed Ouyahia, remplacé par Noureddine Bédoui, jusqu’ici ministre de l’Intérieur et Ramtane Lamamra, en charge des Affaires étrangères. Des annonces qui n’ont pas empêché les manifestants de retourner dans la rue.

Une nouvelle manifestation réunit cet après-midi plusieurs milliers d’étudiants dans le centre de la capitale. Et il y a d’autres manifestations en cours dans d’autres villes du pays. La manifestation était prévue et devait contester les vacances imposées au dernier moment par le ministère de l’Enseignement supérieur. Mais les pancartes et les slogans se sont adaptés aux dernières informations.

Sur les pancartes, les étudiants ont remplacé le «5» du 5e mandat par un «4,5» ou un «4+». Et ce nouveau chiffre est toujours barré de rouge. A la place du slogan qu’ils chantaient : « Pas de 5e mandat, Bouteflika ». Ils scandent désormais : « Pas une minute de plus, Bouteflika ». Dans le cortège, ils expliquent que ce qu’ils souhaitent c’est un changement de système, mais surtout qu’ils ne comprennent pas pourquoi annuler l’élection alors que le président reste en place.

Un changement politique

Le cortège étudiant, qui défilait ce mardi matin autour de la Grande Poste, a été rejoint par des habitants du quartier. Des habitants qui soutiennent le mouvement et qui demandent, eux aussi, le changement en politique et un changement de personnalité à la tête du pays. Le nouveau gouvernement ne semble pas les convaincre non plus.

Les forces de sécurité sont toujours aussi visibles, aussi présentes. Le dispositif anti-émeutes est très important dans le centre de la capitale. Les hélicoptères de la police survolent la ville, mais ces forces de l’ordre laissent les étudiants et les lycéens manifester. La circulation a été coupée sur deux grands axes, ce qui permet à tous ces jeunes manifestants de défiler, sans heurts avec les forces de l’ordre.

Ce matin, plusieurs partis d’opposition ont annoncé qu’ils ne se satisfaisaient pas de cette annonce du président et du report de l’élection. Ils demandent le départ d’Abdelaziz Bouteflika. Mais c’est la rue qui servira de baromètre. D’autres appels à manifester ont été lancés pour jeudi et pour vendredi.

■ Le président français salue les annonces des autorités algériennes

Ces derniers évènements en Algérie suscitent d’ores et déjà des réactions. A l’instar de la France qui était jusqu’ici plutôt prudente et réservée à ce sujet. Ce mardi matin, Emmanuel Macron a salué la décision d’Abdelaziz Bouteflika. Le président français appelle à une transition politique d’« une durée raisonnable ».