En République démocratique du Congo (RDC), plus d’un mois après les inondations qui ont fait officiellement 54 morts, le 27 novembre dernier, Kinshasa a enterré ce lundi 13 janvier les 28 corps qui restaient dans les morgues. D’autres avaient déjà été portés en terre par les familles.

C’est le vice–gouverneur de la capitale et le vice-ministre de l’Intérieur qui ont pris part aux obsèques dans la douleur et l’émoi des familles qui n’ont pas été permises d’approcher les corps exposés dans l’enceinte d’une école de formation de l’armée.

L’attente aura été longue … Sous des tentes installées, des familles sont convoquées au funérarium. « On n’était même pas prêts. On nous a informés aujourd’hui. Cela nous fait mal », dit un jeune homme.

En milieu d’après–midi, quatre camions de police arrivent avec 28 cercueils. Les pleurs prennent le dessus. Moins d’une heure d’exhibition, dépôt des gerbes de fleurs des autorités mais aussi des secouristes de la Croix-Rouge et pas question pour les familles d’approcher les cercueils. Michel est pourtant venu avec sa gerbe des fleurs. « Chez nous, les Bantous, il faudrait que l’on puisse les voir pour confirmer que ce sont vos familles ou bien vos camarades », précise-t-il.

Les photos de ses deux cousines en mains, Nathalie ne mâche pas les mots : « L’État a trop mal organisé. Nous étions prêts nous–mêmes à inhumer nos proches et voilà comment ça se passe : des cercueils de pacotille pour des gens qui nous sont chers. Nous sommes en train de pleurer des gens que nous ne voyons pas. Ce sont peut–être d’autres gens, qui sait ? Nous ne sommes pas du tout contents ».

La plupart des corps « étaient en état de décomposition », se justifie une autorité.

Le soleil se couche sur la capitale, le cortège funéraire se dirige vers le cimetière de Mbenseke. Sur la route, Jules fulmine : « On laisse les gens vivre dans des milieux où des catastrophes peuvent arriver et on attend que le malheur arrive. Or, on pouvait l’en empêcher. Et parfois aussi, nous sommes têtus ».

A 18h40, dans les hauteurs de Mont–Ngafula, les cercueils sont portés en terre par les secouristes, sous les yeux impuissants de quelques familles.

RFI