armée soldats somaliens

Les insurgés islamistes shebab ont perdu samedi un de leurs bastions dans le sud de la Somalie, la localité de Bulomarer, reprise lors d’une nouvelle offensive des forces somaliennes et de leurs alliés de l’Union africaine.

Bulomarer, située à quelque 160 kilomètres à l’ouest de la capitale Mogadiscio, a été “libérée”, a annoncé l’Amisom, la force de l’UA.

Au sud de cette localité, Barawe, le dernier grand port encore aux mains des insurgés liés à Al-Qaïda, est le “prochain objectif”, a déclaré le gouvernement somalien dans un communiqué. Les shebab “sont en fuite, face à l’avancée des forces somaliennes et de l’Amisom”, a-t-il affirmé.

Ce port, d’où les shebab exportent du charbon de bois vers les pays du Golfe, est crucial pour les finances de ce groupe armé chassé militairement de Mogadiscio puis de la plupart de ses bastions depuis août 2011. Selon des estimations des Nations unies, le trafic de charbon de bois depuis Barawe lui rapporte tous les ans au moins 25 millions de dollars (19 millions d’euros).

Des sources sécuritaires avaient indiqué récemment que l’offensive contre Barawe était prévue pour début septembre.

Selon des responsables militaires et politiques, l’opération lancée vendredi soir vise à s’emparer de positions que les shebab détiennent encore dans le Sud.

“L’opération +océan Indien+ a commencé tard hier soir. (…) L’ennemi est en fuite et les forces (somaliennes et de l’UA) progressent avec succès jusqu’à présent”, a déclaré samedi Abdukadir Mohamed Nur, gouverneur de la région de Basse-Shabelle (sud).

“Les opérations ne cesseront pas tant que les militants d’Al-Qaïda n’auront pas été éliminés”, a-t-il averti.

Des témoins avaient indiqué auparavant avoir entendu d’intenses tirs d’obus et avoir vu des convois de chars et de véhicules blindés se diriger vers Bulomarer.

Des troupes somaliennes et de l’Amisom ont également été vues en train de se diriger vers Barawe.

 

– Faim et sécheresse –

 

“Nous entendons un pilonnage intense”, avait déclaré Ali Mohamed, qui habite près de Bulomarer.

“J’ai vu ce matin (samedi) un convoi militaire de l’Amisom comprenant plusieurs chars qui se dirigeait vers Bulomarer et Barawe”, a déclaré un autre témoin, Hussein Mumin.

En janvier 2013, un commando français avait tenté de libérer un agent secret français retenu en otage à Bulomarer. L’opération avait échoué et s’était soldée par la mort de deux soldats français et de l’otage.

L’armée somalienne épaulée par l’Amisom se prépare depuis plusieurs semaines à reprendre le port de Barawe.

Cette nouvelle offensive contre les shebab intervient alors qu’une grande partie du pays est confrontée à la sécheresse et à la faim, trois ans après une famine qui avait fait 260.000 morts.

Les insurgés islamistes ont perdu une série de villes reconquises par l’Amisom (22.000 soldats aujourd’hui), déployée en Somalie depuis 2007, mais ils sont toujours présents dans de vastes zones rurales et continuent de lancer des opérations, notamment au coeur de la capitale.

Ils ont récemment mené des actions spectaculaires à Mogadiscio, notamment contre le complexe abritant la présidence somalienne et le siège du Parlement. Ils lancent également des attaques contre les pays qui fournissent des troupes à la force de l’UA, en particulier le Kenya voisin.

Lors de précédentes offensives de l’Amisom, les shebab avaient abandonné leurs positions avant l’arrivée des soldats, mais étaient revenus ensuite pour mener des opérations de guérilla.

La Somalie est privée de réelle autorité centrale depuis la chute du régime autoritaire du président Siad Barre en 1991. Elle a sombré depuis lors dans le chaos et a été livrée aux milices de chefs de guerre, aux groupes armés islamistes et aux gangs criminels.

Le gouvernement, présenté par la communauté internationale comme le meilleur espoir de paix et de retour à un Etat, peine toujours à asseoir son autorité au-delà de Mogadiscio et de sa périphérie.

© 2014 AFP