Les 4, 5 et 6 juin 2020 se tiendra, à Bordeaux (sud-ouest de la France), le sommet Afrique-France sur le thème : « Changer les villes et territoires pour changer la vie ». Que faut-il en attendre  ? Comment la capitale girondine se mobilise-t-elle ? Entretien avec le co-président du sommet, Pierre de Gaëtan Njikam.

Pierre de Gaëtan Njikam est également adjoint au maire de Bordeaux chargé des partenariats avec l’Afrique et de la Francophonie.

RFI : Le sommet Afrique-France à Bordeaux se tiendra dans moins de cinq mois, où en est-on de la préparation ?

Pierre de Gaëtan Njikam : Nous souhaitons que ce sommet soit celui des solutions, à la fois françaises et africaines. Les acteurs économiques de la région bordelaise et Nouvelle-Aquitaine se mobilisent pour participer à la « Cité de solutions » – vaste espace d’exposition et de rencontres entrepreneuriales – qui sera un moment central de ce sommet et de sa réussite. C’est aussi l’effort que nos organismes partenaires, la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux, le Club d’entreprises Bordeaux-Afrique de la Chambre de commerce. Toutes nos grandes entreprises de la région suscitent la participation soit de leurs partenaires, de leurs homologues ou de leurs contacts en Afrique. Nous avons entrepris avec Stéphanie Rivoal, l’ambassadrice en charge de ce sommet, une tournée dans les principales capitales africaines pour organiser, avec les patronats et les Chambres de commerce africaines et francophones locales, des séances de mobilisation avec le concours des missions économiques et de Business France entre autres.

Un certain nombre d’évènements sont-ils déjà lancés ?

Parallèlement à ce temps de mobilisation des entreprises bordelaises, françaises et africaines, il y a aussi la déclinaison d’une dynamique « Bordeaux à l’unisson » du sommet. C’est la mise en œuvre d’un certain nombre de manifestations à caractères économique, culturel, intellectuel et social qui permettront à la société civile française et bordelaise de participer à cet événement, se le réapproprier. Il doit être un sommet pour les acteurs du changement et de la «  ville durable  ».

Tout le monde en Afrique n’est pas directement concerné par les enjeux de la « ville durable  ». Il y a aussi beaucoup d’Africains qui sont préoccupés avant tout par les choses de la vie quotidienne, la sécurité en premier.

Bien sûr. Au coeur des thématiques qui sont au cœur de la « Cité des solutions » de ce sommet, il y a avant tout la volonté de permettre à la majorité de la population d’accéder aux services essentiels : comment accéder à la sécurité, comment vivre, comment se nourrir, où et comment habiter, comment se connecter, où et comment se parler, comment former davantage de jeunes, comment accompagner davantage de jeunes vers l’emploi  ?

Quels sont les liens existants entre Bordeaux et l’Afrique  ?

Bordeaux a une relation d’exemplarité avec le continent africain de par l’Histoire bien sûr, mais surtout aussi de par toutes les dynamiques de partenariat qui se développent que ce soit au niveau de l’université, au niveau des Chambres de commerce, au niveau des associations, au niveau du port de Bordeaux, au niveau de CHU (centre hospitalier universitaire), de tous les acteurs du monde culturel, social, économique, et aussi au niveau des collectivités locales. Donc il s’agit de mettre en avant tout ce que le territoire bordelais et néo-aquitain peut apporter à la rénovation d’une relation qui ne peut plus être simplement une relation d’en haut, mais surtout une relation des territoires.

Une relation douloureuse aussi, si on remonte très loin dans l’Histoire avec la traite négrière.

Bien sûr. Comme le disait Alain Juppé, il y a quelques mois : « C’est à la fois une Histoire avec sa part d’ombre, mais c’est surtout aujourd’hui une Histoire avec sa part de lumière. » Et il faut espérer, nous en sommes même certains, que le sommet Afrique-France focalisé sur les enjeux de durabilité urbaine pourra contribuer justement à montrer cette nouvelle phase historique de la relation entre Bordeaux et l’Afrique.

Vous évoquez les relations entre la France et l’Afrique. Il vous faudra répondre à ceux qui disent que c’est encore un évènement lié à la Françafrique, au moment où le sentiment anti-français en Afrique se développe en certains endroits.

C’est un peu le paradoxe heureux que ce sommet se tienne dans ce contexte un peu brouillé. L’objectif de ce sommet est de déterminer comment on change les villes pour changer la vie des gens. Ce sommet doit être à la fois inclusif, participatif avec une vraie volonté de co-créer de la valeur. Il y a une vraie volonté pour les acteurs institutionnels, les entreprises, les élus locaux, les sociétés civiles de partager une nouvelle narration dans la relation entre l’Afrique et la France.

RFI