La gestion de l’Algérie sans Bouteflika risque d’être un peu difficile compte tenu de la posture actuelle du pays. La journée du vendredi 12 avril a été, comme toutes les autres, consacrée à une autre marche d’envergure des manifestants. Pour raison : le peuple veut faire partir toutes les grandes personnalités qui ont travaillé avec l’ex-président Abdelaziz Bouteflika. Si les autres marches se passent sans riposte, celle du vendredi dernier a provoqué la réaction de la police algérienne. D’où la question de savoir si cela ne constitue pas un bras de fer entre ces autorités de transition et les manifestants.

Comme prédit dans certaines parutions, l’atteinte de la victoire de cette revendication algérienne peut paraitre difficile, mais certainement possible dans un État où le peuple décide en dernier ressort. En effet, c’est vrai que Bouteflika est parti sous pression de la rue, mais exiger à ce que les « gros poissons » qui ont mangé avec lui partent aussi, demande une lutte de longue haleine. En Algérie, malgré les intimidations des forces de l’ordre suivies des déclarations du chef d’État-major de l’armée, l’intention du peuple de faire partir «l’intégralité de l’ancien système du pays » demeure un secret de polichinelle partout dans le pays. Pour ce faire, des démonstrations de force ont été faites le 12 avril à travers toute la capitale avec comme slogan : pas de recul populaire face aux intimidations. Courant la même semaine, les forces de l’ordre ont entravé plusieurs attroupements du peuple et réprimé une marche estudiantine à l’aide des canons à eau. Avant d’être libérés, plusieurs manifestants avaient également été arrêtés par les éléments de force de l’ordre. Dès lors, les citoyens dénoncent les provocations voire l’usage excessif de la force ainsi que le discours de véhémence de la part du chef d’État-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, non moins vice-ministre de la Défense nationale. Le jeudi, la gendarmerie avait bloqué plusieurs issues de la capitale. En dépit des répressions et barrages opérationnalisés par les éléments de la sécurité, les citoyens ont pu avoir les moyens de rejoindre la capitale pour la marche du vendredi. Quant aux manifestants de la grande poste du pays, ceux-ci ont plutôt chassé les limiers. Donc sauf preuve de contraire, l’analyse de cette situation algérienne nous incite à dire que la posture actuelle du pays fait appel à un nouveau bras de fer entre les autorités intérimaires et les manifestants.

Mamadou Diarra

Source: Le Pays