Le projet phare de l’organisation panafricaine en vue de l’émancipation économique du continent a pris cours le 30 mai, avec pour but d’augmenter le commerce intra-africain de 60% d’ici à 2022, a-t-on appris.

 

Le commissaire de l’Union africaine (UA) pour le Commerce et l’industrie, Albert Muchanga, a indiqué que l’entrée en vigueur de la zone de libre- échange continentale (Zlec) de l’UA est « une étape historique ». « L’accord de la Zlec est entré en vigueur aujourd’hui (… ). Nous célébrons le triomphe d’un engagement courageux, pragmatique et continental pour l’intégration économique », s’est-il réjoui sur Twitter.

Après l’entrée en vigueur de cet espace, il faut encore attendre la « phase opérationnelle » qui doit être lancée le 7 juillet, lors d’un sommet de l’organisation panafricaine à Niamey. Cela sera après la finalisation d’instruments clés tels que les mécanismes d’arbitrage, la définition des règles d’origine des marchandises ou encore des mécanismes en vue de l’« élimination » d’obstacles tels que la corruption ou les mauvaises infrastructures.

La Zlec a pour but d’éliminer progressivement les droits de douane entre pays membres, afin de favoriser le commerce au sein du continent, mais aussi permettre aux pays africains de s’émanciper d’un système économique trop centré sur l’exploitation des matières premières. L’UA estime que sa mise en œuvre permettra d’augmenter de près de 60% d’ici à 2022 le niveau de commerce intra-africain. Actuellement, seulement 16% du commerce des pays africains s’effectue avec d’autres pays du continent.

Le grand projet du continent est entré en vigueur au moment où cinquante-deux membres de l’UA sur cinquante-cinq ont déjà signé l’accord portant création de la Zlec depuis mars 2018, avec l’exception notable de la première économie du continent, le Nigeria. Pour qu’elle devienne effective, il fallait que vingt-deux membres puissent ratifier le texte et le notifier officiellement à l’organisation continentale. Ce seuil a été atteint le 29 avril, ouvrant la voie à une entrée en vigueur trente jours plus tard, comme prévu dans les statuts de la Zlec.

Le Burkina Faso et le Zimbabwe ont déposé leurs instruments de ratification depuis le 29 avril, portant le nombre de pays inclus dans la Zlec à vingt-quatre, avec des poids-lourds du continent comme l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya ou l’Ethiopie. D’autres pays ont entrepris une ratification, dont le Maroc.

À partir du moment où tous les pays auront signé le document, la Zlec ouvrira l’accès à un marché de 1,2 milliard de personnes, pour un produit intérieur brut cumulé de plus de deux mille cinq cents milliards de dollars. Ce qui doit permettre, selon ses défenseurs, d’aider à la diversification des économies africaines et à l’industrialisation du continent, tout en lui offrant une plate-forme unique pour négocier de meilleurs accords commerciaux avec l’extérieur.

En attendant de voir comment cela pourra être concrétisé, il sied de noter que tout le monde ne partage pas l’optimisme lié à cette ambition. Pour preuve, plusieurs critiques du projet avancent que la mauvaise qualité des infrastructures de transport et le manque de complémentarité entre les économies africaines constituent un frein au développement du commerce intra-africain.
Les Dépêches de Brazzaville

Lejecom