Dès l’annonce du décès de celui que le Mali entier honorait pour son humilité, les réactions fusèrent sur Twitter et autres réseaux sociaux. Le président du Burkina Faso, Rock Marc Christian Kaboré, a salué la «mémoire de cet homme d’État, qui a servi le Mali avec un sens élevé du devoir». Et son homologue du Sénégal, Macky Sall, «peiné» par le décès de celui qui fut son hôte, a rendu un hommage appuyé à «l’illustre défunt».

Même émotion du côté de la Côte d’Ivoire, où le président Alassane Dramane Ouattara a appris avec une «grande tristesse, le décès de son frère, ATT». Faure E. Gnassingbé, président du Togo, a également estimé que le Mali vient de perdre un homme d’État, un «vaillant fils qui a eu à cœur de travailler à la grandeur de son pays».

La France, à travers son ambassade dans notre pays, a aussi réagi, confirmant la qualité «d’homme de devoir» du président Touré qui «incarnait à bien des égards l’histoire récente du Mali, qu’il a durablement marquée de son engagement».
Le Maréchal Idriss Deby Itno, président du Tchad, a indiqué que le décès d’ATT est une «immense perte pour l’Afrique». D’ores et déjà, des personnalités, comme Guillaume K. Soro, qui considère l’illustre disparu comme un «Kôrô (grand frère)» se tient déjà «prêt à prendre part aux cérémonies funéraires». Sans conteste, les Maliens ont perdu un modèle d’humilité, de paix et d’espoir.

«Par humilité, il était devenu le cousin de tous et l’ami de tous», a témoigné l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga sur sa page Facebook. Il se dit profondément attristé par le décès d’un «compagnon pendant une décennie de lutte pour l’avènement de la démocratie pluraliste».

Comme lui, Me Mountaga Tall, président du parti Cnid-FYT, se souviendra toute sa vie des moments passés avec le président ATT. «De la Bourse du travail à la Maison du peuple pour la mise en place du CTSP en 1991, des rencontres à Koulouba à la Maison Blanche pour des discussions importantes sur le Mali, des désaccords politiques assumés aux instants de grande complicité : le compagnonnage a été long et la fraternité constante», a-t-il rappelé sur sa page.

En effet, le nom d’Amadou Toumani Touré restera toujours associé à la transition démocratique du Mali. Militaire de carrière, il faisait partie du groupe d’officiers ayant renversé Moussa Traoré en 1991. Ce dernier est décédé il y a deux mois. Et son fils, Cheick Boucadry Traore, président du parti Convergence africaine pour le changement (CARE), a souhaité que le «plus respectueux hommage soit rendu à ATT».

À la tête de la transition, le commando parachutiste avait organisé avec succès des élections et transmis le pouvoir à un président civil, ce qui lui a valu le surnom de «soldat de la démocratie». Pour Moussa Mara, ancien Premier ministre et président du parti Yèlèma, le «soldat de la démocratie s’en est allé à un moment où notre pays vit un moment incertain et troublé».

«Sachons méditer son exemple d’humilité et d’esprit de rassemblement pour nous donner la main et essayer de sortir de la crise», a-t-il ajouté. Et le parti Convergence pour le développement du Mali (Codem), à travers un communiqué, a exhorté le «peuple malien, surtout dans ces moments particulièrement difficiles, à suivre son modèle pour l’amour de la patrie et sa sympathie envers les autres».

Un ancien ministre de la Justice a une toute autre grille de lecture. Mamadou Ismaïla Konaté, puisqu’il s’agit de lui, a tweeté : «Arrivé aussi triomphalement au pouvoir qu’il en a été chassé, ATT est le symbole le plus abouti de l’impossible passage d’un Mali vers l’autre : le passage de la coloniale vers l’État de droit, la République et la démocratie».

Obstiné pour les meilleures raisons, l’illustre défunt a parfois pris des risques pour asseoir la paix dans certains pays de notre continent. L’ambassadeur Abdoulaye Diop, qui fut son conseiller diplomatique, a salué la mémoire d’un «médiateur hors pair qui a contribué à la paix en Afrique».

Issa Dembélé

Source: L’ Essor- Mali