Condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, l’ancien président Tchadien, Hissène Habré a succombé de Covid-19 le 24 août dernier, à l’âge de 79 ans. Après avoir accédé à la magistrature suprême à suite d’un coup d’État en 1982, l’ex-président Tchadien a été renversé en 1990 par Idriss Déby après huit années d’une main de fer.

En exil au Sénégal depuis sa chute en 1990 à la suite d’un coup d’État portant Idriss Déby Itno au pouvoir, l’ancien président Hissène Habré est décédé en détention le mardi 24 août dernier, des suites de Covid-19. Considéré comme « un des bourreaux les plus sanguinaires de l’histoire de l’humanité qui vient de disparaître », Hissène Habré a dirigé le Tchad pendant de 1982 à 1990. Durant les huit ans de son règne, la présidence de Habré a été entachée par une terrible répression.

Après des longues études en France, Hissène Habré rentre au Tchad en 1972. Il rejoint le Front de libération nationale du Tchad (Frolinat). Par ailleurs, Habré se fait connaitre le 21 avril 1974, dans la région du Tibesti, où des rebelles qu’il commande enlèvent trois personnes, notamment un médecin allemand, libéré en 1975 contre paiement de rançon, un coopérant français Marc Combe qui réussit à s’échapper et l’archéologue Françoise Claustre qui sera libérée le 1er février 1977 en même temps que son mari Pierre Claustre, lui-même enlevé le 26 août 1975. En début avril 1974, il est tenu pour responsable de la torture et de l’exécution sommaire de l’émissaire envoyé par le gouvernement français pour négocier la libération des otages.

Premier ministre

À la suite de signatures de plusieurs de paix, Hissène Habré est nommé au poste de Premier ministre fin août 1978 par le Général Félix Malloum, alors président de la République du Tchad. Mais la collaboration ne sera pas d’une longue durée, il quittera son poste 5 mois plus tard (12 février 1979) après le déclenchement de la guerre dont il était lui-même l’acteur principal. Il quitte alors la capitale Tchadienne, N’Djamena. Il fonde par la suite le Conseil de commandement des forces armées du Nord (CCFAN), devenu Forces armées du Nord (FAN).

Président de la République

Le 7 juin 1982, les Forces armées du Nord (FAN) avec à sa tête, Hissène Habré reverse le Président du gouvernement d’union nationale de transition de la République du Tchad, Goukouni Oueddei. , et devient ainsi le Président de la République. le 19 juin de la même année, il supprime le poste du Premier ministre et transforme les Forces armées du Nord en armée régulière du pays, Forces armées nationales du Tchad. Après sa prise du pouvoir en 1982, un long conflit son pays (Tchad) à la Libye qui soutient le Gouvernement d’Union nationale de Transition (GUNT) du président Goukouni Oueddei chassé du pouvoir par Hissène Habré. Il réussira à infliger la défaite aux forces armées libyennes qui occupaient la partie du Tchad grâce à l’appui de la France et des États-Unis. En 1987, un cessez-le-feu est signé entre les deux pays, et les relations diplomatiques ont été rétablies entre le Tchad et la Libye.

Chute

Alors qu’il comptait, le président Habré  décidé de s’opposer à la France, pensant ne plus avoir besoin de son appui. Le 1er décembre 1990, Idriss Déby Itno le renverse et occupe le poste du président de République. Hissène Habré trouve ainsi refuge à Dakar pour un exil qui sera paisible pendant plus de vingt ans. Le Directeur DGSE  Claude Silberzahn a dénoncé la mainmise du président Français, François Mitterrand dans la chute du président Habré.

Poursuites judiciaires

Deux ans après la chute du régime Habré, plusieurs fosses communes ont été découvertes dans une localité située à 25 km de la capitale, N’Djamena. En outre, il est soupçonné d’être l’auteur de la tuerie de presque 40 000 personnes au cours de son régime. Après des premières poursuites engagées contre lui en Belgique en application de la loi de compétence universelle, Hissène Habré sera enfin arrêté en 2013 à Dakar puis inculpé par un tribunal spécial créé en vertu d’un accord entre l’Union africaine et le Sénégal.

Son procès, le premier au monde dans lequel un ancien chef d’État est traduit devant une juridiction d’un autre pays pour violations présumées des droits de l’homme, s’ouvre le 20 juillet 2015. Le 30 mai 2016, il est condamné à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, tortures et viols.

« Combattant du désert », « homme des maquis », « chef de guerre »: les qualificatifs abondent pour exalter ses qualités militaires du temps de sa superbe. Il succombe de Covid-19, le 24 août 2021 à Dakar où il purge sa peine, à l’âge de 79.

Ibrahim Djitteye

Source: LE PAYS