Depuis la démocratisation de l’accès à l’internet, le Sans Fil (WiFi) est au cœur de toutes les attentions. Entre l’appétit des FAI (Fournisseurs d’Accès à Internet) et la volonté des Etats de mettre à disposition une technologique en passe de tomber dans le domaine public, il y a un petit verrou que les utilisateurs que nous sommes verraient bien voir sauter. La question est au cœur de nombreux débats et les ministres africains des TIC, en conclave la semaine dernière à Bamako sur les questions de gouvernance de l’Internet, de cybersécurité et de cybercriminalité, en ont débattu.

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Et en fin de cette semaine (22-23 septembre 2016), à Paris, cette problématique sera encore à l’honneur lors des travaux de « Les Rencontres Africa 2016 ». L’année dernière, dans le cadre de l’initiative « Dakar Ville Numérique », la mairie de Dakar a lancé une phase pilote du projet « Ville de Dakar WiFi » avec l’opérateur Tigo sur la place de l’indépendance.

Le but de ce projet était de permettre aux citoyens de surfer gratuitement sur internet avec leur ordinateur ou smartphone. Sur le continent, de nombreux pays comme la Côte d’ivoire, le Mali, l’Afrique du Sud, le Nigéria, la Tunisie, le Maroc et surtout le Rwanda ont, à des degrés divers, mis en chantier des projets de connexion gratuite au WiFi, ne serait-ce que sur certaines places publiques, des campus et dans les administrations.

Le débat sur l’accès gratuit au Sans Fil est récurrent partout au monde y compris en Europe où la Commission européenne vient de lancer l’initiative Wifi4UE. Au terme de cette initiative, la Commission s’engage à fournir une connexion WiFi dans tous les lieux publics d’ici à 2020. Au titre de l’initiative Wifi4UE, l’accès à Internet deviendrait ainsi un « bien public ».

Un tel projet titanesque est forcément assorti d’un budget dela même dimension. Selon un article publié le 16 septembre dernier sous la plume d’Elodie, « Un budget initial de 120 millions d’euros sera débloqué pour permettre à des milliers d’espaces publics d’offrir une connectivité internet, générant 40 à 50 millions de connexions WiFi par jour ». L’article précise que sont concernés les espaces publics tels que les parcs, bibliothèques, hôpitaux ou administrations.

En termes de modalité concrète de réalisation, « L’Union européenne va financer l’équipement et l’installation avec des bons d’achat, et les autorités publiques devront payer les coûts d’abonnement mensuels et maintenir l’équipement en bon état.

Les autorités publiques pourront profiter de ces points d’accès pour développer et promouvoir leurs propres services numériques, comme l’e-gouvernement, l’e-santé ou l’e-tourisme ». Assez astucieux comme démarche ! Cependant, vu que toutes les communautés de l’UE ne sont pas logées à la même enseigne, « Seules les communautés qui ne peuvent offrir de connectivité sans soutien européen » pourront bénéficier de ces subventions.

Elles devront toutefois s’engager à fournir un internet à très haut débit via WIFI4EU et à ne pas concurrencer des offres similaires de WiFi qui existent déjà » (publiques ou privées) d’où l’idée d’aider des collectivités qui sont dépourvues de ce type de point d’accès à Internet ». Le projet Wifi4UE, ambitionne d’aider entre 6 et 8 000 communes d’ici 2020, soit moins de 10 % des quelques 90 000 communes présentes au sein de l’Union européenne. La Commission voit particulièrement grand et « souhaite également que chaque foyer européen dispose d’une connexion d’au moins 100 Mb/s ».

Selon les toutes dernières statistiques, « 71 % des foyers de l’Union européenne disposent d’une connexion de 30 Mb/s et plus ». Cette opération d’envergure préfigure « le plein déploiement de la cinquième génération de systèmes de communications mobiles, la 5G, d’ici 2025 ». Dans un contexte de libéralisme à outrance, l’initiative de la Commission de l’UE risque de faire grincer des dents. Pour éviter d’être taxée de faire de la concurrence déloyale aux opérateurs du secteur, l’initiative de la Commission est assortie de conditionnalités rigoureuses.

En effet, la Commission précise que les communes qui sollicitent une aide devront s’engager « à ne pas concurrencer des offres similaires de Wi-Fi qui existent déjà, qu’elles soient publiques ou privées ». Pour un pays comme la France où les réseaux Wi-Fi publics sont déjà très nombreux, cela implique notamment de ne pas concurrencer les offres de hotspots Wi-Fi proposées par Orange ou SFR, ce qui devrait – malheureusement – limiter en pratique l’accès à de telles aides.

Serge de MERIDIO

Source: Inf@sept