Les jeunes maliens sont-ils déterminés à enfin prendre leur destin en main ? En observant la scène malienne, nous pouvons juste dire que la crise multidimensionnelle a rendu possible l’émergence d’une jeunesse instruite, engagée, brave et courageuse. Une jeunesse militante et citoyenne qui dénonce par le verbe et l’action qui sont pourtant les déficits de la société malienne, surtout la gouvernance. Elle met les préoccupations de la société au centre de son action. Elle affiche ainsi son attachement à la patrie, Maliba, et au meilleur être de toute la nation.

Mieux, elle choisit bien ses cibles pour mieux construire sa communication. Les jeunes de Gao l’avaient fait quand il s’était agi de mettre en place le mécanisme de DDR qui les excluait malgré leur résistance unanimement suivie et saluée au pays et ailleurs. Hier, c’était les jeunes des régions de Koulikoro et Kayes qui ont obligé le Premier ministre à se rendre à Kayes par la route et à prendre des mesures urgentes pour apaiser le front social. Aujourd’hui, ce sont les jeunes de Tombouctou qui ont obtenu gain de cause après  avoir montré les muscles pour se faire entendre.

Toutes les sorties des jeunes dénoncent les faiblesses de la gouvernance à apporter des solutions à des préoccupations majeures comme l’effectivité de la circulation des personnes et des biens, l’insécurité, la recevabilité de l’action publique et la justice. Sans oublier la corruption dont toutes ses préoccupations pourraient être les enfants naturels.

La force de toutes les actions des jeunes réside dans le soutien des populations. Si celui-ci n’a pas été très visible à Koulikoro et Kayes, on l’a senti plus fort à Tombouctou où imams, opérateurs économiques et autres personnalités politiques et civiles ont adhéré au moyen d’expression des jeunes.

La force réside aussi dans la capacité des jeunes à construire leur action autour d’une seule préoccupation dont la satisfaction sera un effet entraînement pour les autres. Construire la route, c’est mettre la sécurité au centre des moyens et de la stratégie à déployer sans pouvoir négliger la corruption. En parlant de route, l’on a vu comment les préoccupations sont partagées sur l’ensemble du pays.

Il est, dès lors, nécessaire de procéder à un ciblage des priorités qui permettent un développement ou un meilleur vivre de toutes les régions du pays. La fragilité de la situation sociopolitique exige de sortir du saupoudrage, de tenir un langage de vérité dicté par les moyens du pays et de faire preuve de bonne foi en évitant des promesses teintées d’illusions qui ne consolident pas les acquis. Au contraire !

 

Abdourhamane Dicko

Source: Le Matin