En vue de sensibiliser l’opinion publique sur le projet de loi portant révision de la constitution du 25 février 1992, le mouvement ‘’Trait d’Union’’ a organisé hier jeudi 22 juin à la Maison de la Presse, une conférence-débats avec comme conférenciers les professeurs Abdoulaye Niang et Mamadou Hamet Cissé.

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Après une première conférence-débats tenue en moins d’une semaine au même lieu et animée par le ministre des Droits de l’homme, Me Kassim Tapo, le mouvement ‘’Trait d’Union’’ a enchainé hier jeudi 22 juin avec une seconde dont les conférenciers le constitutionnaliste et ex-expert de la mission d’appui aux réformes politiques Pr. Mamadou Hamet Cissé, et le chercheur et expert en économie de la défense Pr. Abdoulaye Niang. Ces deux éminents conférenciers étaient appuyés par Mamadou Ben Chérif Diabaté du Recotrade et la coordinatrice du mouvement ‘’Trait d’Union’’, Oumou Sall Seck.

A l’ouverture de la conférence, la coordinatrice du mouvement ‘’Trait d’Union’’, Oumou Sall Seck  a précisé que l’objet de cette série de conférence-débats n’est pas d’inviter les gens à voter pour ou contre ledit projet de loi mais plutôt de les familiariser avec son contenu afin qu’ils puissent faire le bon choix pour le Mali.

« Le 21 juin 2017, le conseil des ministres du Mali  a décidé du report à une date ultérieure le référendum constitutionnel, initialement prévu pour le 9 juillet 2017. Ce report que nous saluons de tous nos vœux nous donne à nous  tout le temps et l’espace nécessaires  de continuer à débattre  sur une question essentielle qui tient à cœur l’ensemble de notre peuple.  Et notre peuple a droit à être informé et continuer à être informé sur les vrais enjeux de cette révision constitutionnelle », a-t-elle expliqué la coordinatrice du mouvement ‘’Trait d’Union’’et maire de Goundam, Oumou Sall Seck. Avant d’ajouter ceux-ci : « Ainsi, au-delà de la passion et des fantasmes qui animent la plupart des débatteurs au Mali, quels sont les enjeux réels de ce référendum ? Qu’implique-t-il pour l’avenir du Mali? Quelles sont les positions des différents acteurs politiques ou non politiques,  maliens ou non maliens à l’égard de cette loi ? Et que dit réellement cette loi portant révision de la Constitution, que la majorité d’acteurs et du peuple malien n’ont certainement pas lue ? Il est indéniable  le décalage énorme entre ce que dit le projet de la nouvelle Constitution  et la manière dont cela est présenté dans les médias et aussi  au sein de l’opinion publique.

Nous constatons qu’il s’agit plus d’un regard très orienté teinté  qui représente plus les positions et les stratégies des acteurs politiques que celui du peuple malien. Le peuple malien  doit prendre part actif à ce débat et  se faire une idée exacte de ce qu’il considère comme ses aspirations profondes que la nouvelle constitution doit en porter. Le vrai choix pour le peuple malien  ne se fait donc pas sur ces considérations superficielles et dépasse de très loin nos passions  Les Maliens doivent être   amenés à exprimer leur volonté sur  ce cadre constitutionnel permettant une continuité de l’Etat et  une stabilité politique. Laissons la place au débat que je souhaite être  une expression de dialogue pour l’intérêt de nous tous Maliens ».

Les éclairages des conférenciers

Pour Mamadou Hamet Cissé, le Mali est à 25 ans d’exercice démocratique avec la Constitution du 25 février 1992 qui n’a jamais été révisée, malgré la nécessité qui s’impose depuis le temps du président Alpha Oumar Konaré. Hors dit-il, une constitution qui ne change pas se « sclérose » et se « détériore ».  Pour preuve soutient-il, au bout de 25 ans, beaucoup de choses ont changé, notamment avec la décentralisation.

« Une Constitution s’écrit par des hommes et elle est révisable par des hommes, c’est la loi qui le dit dans des circonstances bien déterminées, à savoir par référendum », a dit Pr. Mamadou Hamet Cissé. Il n’a pas manqué de rappeler que la Constitution américaine de 1779 a été amendée 37 fois et la France de 1958 à nos jours a effectué 24 révisions de sa Constitution qui sert de référence pour le Mali.

S’agissant de l’article 118 brandi par les opposants à la révision constitutionnelle, le conférencier a rappelé que la Cour Constitutionnelle est juge des lois et qu’elle a déjà statué sur la question en émettant un avis favorable à la tenue du référendum.

« Cette cour n’a pas été mise en place par l’actuel président, donc elle est indépendante », dit-il. Pour lui, il n’y a pas d’autres voies pour départager les partisans du ‘’Non’’ et du ‘’Oui’’ si ce n’est par celle des urnes.

Quant à la question relative au renforcement des pouvoirs du président de la République, le conférencier rappelle que le Premier ministre est nommé par le président de la République qui est élu au suffrage universel. Et qu’il ne doit en aucune manière être l’égal de ce dernier.

Pour lui, la révision de la Constitution s’impose pour 2 raisons fondamentales : prendre en compte les nouvelles préoccupations du peuple malien et être en conformité avec les réalités politiques postérieures au 26 mars 1991.

Pr. Abdoulaye Niang dénonce ……

Le professeur Abdoulaye Niang a surtout dénoncé certaines fausses informations données par les partisans du ‘’Non’’ autour du contenu du nouveau texte.

Selon lui, le nouveau projet de loi portant révision de la Constitution n’est certes pas parfait mais, il vaut mille fois mieux que l’ancien texte. Et pour preuve, l’article 71 de la nouvelle Constitution qui définit la libre administration des collectivités territoriales, permettra aux populations locales de mieux profiter de leurs ressources naturelles.

Pour le professeur Niang, la polémique autour de la création du Sénat est un faux débat. « Nous avons des personnalités culturelles, traditionnelles ou religieuses qui sont plus légitimes que nos hommes politiques. Je ne vois pas de problème à ce qu’on veuille faire représenter ceux-ci dans des instances de décision. Ceux-ci ont bien un rôle à jouer dans la gestion du pouvoir », a martelé monsieur Niang. Qui estime que la nomination d’un tiers des membres du Sénat ne fera pas du président de la République un ‘’monarque’’ comme le soutiennent certains détracteurs du nouveau texte.

« Il faut que la classe politique arrête de mentir au peuple, de manipuler l’opinion. Il faut qu’ils arrêtent de nous faire bagarrer. Qui est ce chef de parti qui n’est pas monarque ? Est-ce que Soumaïla Cissé acceptera de céder la tête de son parti à Mody N’diaye que j’estime aujourd’hui plus légitime ? Est-ce que Tiébilé Dramé acceptera de céder la tête de son parti à Djiguiba Keïta dit PPR ? Modibo Sidibé, même chose… ils sont tous des monarques », a  laissé entendre professeur Niang. Qui précise qu’il n’a jamais été ami avec IBK et que le débat sur la révision de la Constitution doit être dépolitisé.

Pour lui, en réclamant le retrait pur est simple dudit projet de texte, l’opposition viole l’article 2 de la Constitution du 25 février 1992 qu’elle prétend défendre. « Allons-y au référendum et laissez le peuple s’exprimer librement », a-t-il ajouté.

 

La rédaction