C’est vrai, il faut le dire. Les épouses des chefs d’État maliens qui se sont succédé au pouvoir méritent des médailles de commandeur de l’Ordre national du Mali. Toute gouvernance dans le déroulement de son programme de développement socioéconomique fait des heureux et des mécontents. La gouvernance actuelle du président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta ne déroge pas à la règle.

 

À longueur de journée, dans les transports en commun, au cours des causeries dans les marchés de Bamako et des localités à l’intérieur du pays, des mécontents ne font pas de cadeau au couple présidentiel. Ils s’acharnent à tort sur l’épouse du chef de l’État, Mme Keïta Aminata Maïga. Ils déversent souvent une bave haineuse sur cette dame humble dont le tort est d’être simplement l’épouse de président de la République.

Ainsi se vit le « Pouvoir » dans la plupart des pays africains. Et selon une vieille croyance du Mali profond, les oreilles du couple présidentiel tinteraient chaque fois qu’un mécontent se défoule sur l’un des augustes conjoints. Nul ne peut plaire à tous. Et nul décideur si puissant soit-il ne peut faire le bonheur de tous. Ainsi va la vie quotidienne du sommet à la base, de la base au sommet de l’État, dans tous les pays du monde. Le Mali ne fait pas exception dans ce domaine.

Depuis l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, combien d’ambitions personnelles déçues sont, de mauvaise foi, attribuées à l’influence des «Premières Dames du Mali». La récompense du mérite, la compétence professionnelle, le très haut niveau intellectuel des cadres ne justifie plus leur promotion dans les hautes fonctions. Ainsi, il se murmure, depuis des décennies, que la baguette magique des épouses des présidents successifs aurait fait des heureux ou des déçus, chaque fois que le pays s’est trouvé à la croisée des chemins.

Il est temps de mettre en lumière les actions patriotiques de feue Mme Kéïta Mariam Travélé, Mme Traoré Mariam Sissoko, Mme Touré Lobbo Traoré, Mme Konaré Adam Bâ, Mme Keïta Aminata Maïga. Ces «N’tiè dèmè mousso» n’ont-elles pas joué un rôle important aux côtés de leurs maris dans l’Histoire du pays ?

Un esprit brillant a soutenu «qu’un grand homme est la rencontre d’un événement et d’une volonté».
N’est-ce pas que le déclic de cette rencontre est l’œuvre de l’épouse modèle qui pousse à l’action, à la prise de décision qu’il faut au bon moment ?

Les mères maliennes enseignent à leurs filles nouvellement mariées cet adage séculaire : «La barbe du mari ramasse le matin les idées formulées durant la nuit par les tresses de l’épouse». Ce préjugé suffit-il pour arguer de façon péremptoire que les décisions au sommet de l’État, seraient toutes inspirées par l’épouse du président de la République ? Existe-t-il un pays sur cette planète ou l’épouse du chef d’État ne joue pas un certain rôle dans l’animation du jeu politique ?

Dans les années 1970, j’ai séjourné pendant une semaine à M’badat, localité située dans la préfecture de Thiès, au Sénégal. J’y ai fait une belle découverte sociologique. Il existe à M’badat le «bois sacré des femmes». Seules les femmes y ont accès. Le conseil des vieux de ce village ne prend jamais une décision concernant la collectivité avant que le chef du village n’ait reçu, à une certaine heure avancée dans la nuit, le résultat de la réunion nocturne des femmes de M’badat. Quelle belle leçon de civilisation authentique africaine et de reconnaissance de l’importance de la femme dans la société !

Sékou Oumar DOUMBIA

Source : L’ESSOR