Depuis 2012, un véritable incendie ravage le Mali. Tous les concitoyens en sont victimes. Si ce n’est pas son feu qui te brûle, c’est sa fumée qui t’étouffe. Mais, les «vaillants» dirigeants maliens ne sont certainement pas beaucoup préoccupés par ce feu aux mille morts. Donnant priorité aux réformes institutionnelles et constitutionnelles.

 

Tout a commencé un certain jour de janvier 2012. Profitant de l’arrivée de combattants avec armes, de la Libye de Mouammar Kadhafi, mise à sac par les puissances occidentales, certains membres du MNLA ont compris que leur temps était venu. Cela, une fois de plus après les années 1990.

Ces rebelles, il faut dire les choses par leur nom, se souvenaient encore que Bamako a peur des fusils et surtout de leurs coups de feu. Et pour cause ! En mettant à genoux le régime d’Alpha Oumar Konaré, ils ont eu tout ce qu’ils voulaient : argent, fonction publique sans concours, grades militaires… La liste est longue !

L’appétit vient en mangeant, ne dit-on, surtout si la table est bien garnie ? Ayant le soutient capital de certains pays européens, dont celui de la France de Nicolas Sarkozy, mais aussi profitant du laxisme du président Amadou Toumani Toure, qui par ailleurs a été un bon président dans beaucoup de domaines, le MNLA ose allumer la briquette de l’incendie. Collaborant avec AQMI, MUJAO et tous les démons et forces obscurantistes du monde. Les premières flammes de l’incendie atteignent  Aguelhok, Tessalit, Ménaka, Gao, mais aussi Tombouctou la ville sainte. Cela malgré l’effort des militaires de l’armée malienne qui n’arrivent pas à contenir le feu. Surtout que dans la foulée, un coup d’Etat, dirigé par un certain Amadou Haya Sanogo fait la trouble-fête. Alors, la rébellion crée son drapeau et proclame l’indépendance de l’Azawad, bénéficiant du soutien des plateaux de certaines presses, surtout occidentales.

L’hyène MNLA, ayant appelé au secours le lion MUJAO pour abattre l’éléphant, ne pourra longtemps garder le dessus pour dévorer, hélas, le succulent Mali et sera bientôt détrônée et nettoyée du coin.

Alors, c’est l’enfer du fanatisme qui s’abat sur le septentrion malien : amputation, lapidation, destructions de monuments et autres.

Ayant l’appétit grandissant et convaincu que Bamako n’est pas leur égal en puissance de feux, les fanatiques lancent leur  offensive vers le sud. Arrivent les forces françaises, sur demande de Bamako, qui les stoppent à Konna. La suite est connue. Malheureusement, les français jouant le pompier-pyromane, transforment Kidal en un sanctuaire infranchissable pour l’Armée malienne.

Une relative accalmie après. Mais pas pour longtemps. L’Harmattan aimant parfois souffler du nord au sud et la savane ayant plus d’herbes et d’arbres que le désert,  l’incendie s’est propagé au Centre du pays. Surtout qu’un certain Amadou Koufa, un autre grand pyromane y a ajouté de l’huile. Ici aussi au centre, la suite est connue. Les pouvoirs de Bamako refusant d’étouffer, le serpent dans l’œuf avant l’éclosion, la  vipère fraichement née, après le delta intérieur du Niger où elle voulait un empire,  rampe vers le pays Dogon. Le désastre y est total. Assassinats, pogroms, pillages, mises à feu et à sac des villages paisibles. Arrivés aux portes des falaises, les vipères de Koufa se muent mêmes parfois en cobras. Aux différents venins inégalés, accompagnés parfois de crachats ils y ont semé la panique, la terreur et la désolation : Koulogon, Ogossagou, Sobane-Da, Madougou, Douna  et plus récemment Doundiourou pour ne citer que cela.

Le peuple Dogon, a eu certes de petits conflits avec les éleveurs peulhs, dont les bêtes détruisaient les champs mais, vivait avec eux en symbiose depuis longtemps. Et, surpris par cette guerre asymétrique qui ne dit pas son nom, le pays Dogon tente de tenir. Mais à quel prix ! Surtout l’illusion d’être aidé par l’armée malienne tarit. Cette dernière ayant elle-même des difficultés à se défendre, attaquée plusieurs fois chez lui dans les camps. Les pertes sont innombrables mais les ripostes sont minimes. Une  armée mal nourrie, mal motivée et mal équipée surtout que le pouvoir corrompu lui achète des hélicoptères «mort-nés» à coût de milliards.

Dans ce centre meurtri où chacun a eu son compte de malheurs, se naissent des mouvements armés : Dana Ambassagou, le célèbre groupe d’autodéfense Dogon, des milices djihadistes et des milices peulhs dont celui de Sékou Bolly. Les uns attaquent, les autres se défendent. Et chacun pense qu’il a raison. D’aucuns se réclament défenseures des peulhs, d’autres des Dogons, d’autres encore de l’islam. Dans cet amalgame, la spirale infernale de la violence s’est installée. Les Peulhs et les Dogons, jadis vivant dans une cohésion sociale relativement parfaite, se tuent entre eux, ne comprenant hélas pas encore qu’ils font la guerre pour un autre, pour le fameux démon invisible, encore à l’œil nu.

 Nuages de reformes

Cependant, malgré cette gravissime crise, Bamako ose trouver d’autres préoccupations. Il y a un nuage de réformes institutionnelles et constitutionnelles qui plane sur la capitale malienne. On y parle de la création d’un Sénat à la place du Haut Conseil des collectivités territoriales. Malheureusement nos autorités ne comprennent hélas pas que ce n’est pas la quantité des institutions qui manque mais surtout la qualité de leur fonctionnement. Quelle réforme constitutionnelle ? A notre avis, la Constitution de 1992 peut servir encore le Mali, surtout qu’il y a d’autres urgences. Le pays ayant les pieds sur les braises. Les autorités veulent certainement une fissure de la Constitution pour y glisser les accords, criminels, d’Alger ? Ont-elles bien lu les textes de cet accord qui est une véritable capitulation de l’Etat malien ? En lisant cet accord, on a le cœur carbonisé par le feu de la colère.

Et, où encore organiser ce référendum constitutionnel ? Au Mali ? Où sur seulement à peine un tiers de son territoire ? Les autorités ont peut-être leur mot à dire. Pour battre campagne à Kidal, le Mandé Mansa, s’est déguisé en touareg et a pu s’y rendre après d’âpres négociations plus compliquées que celles pour l’obtention d’un visa européen. Et cela dans son propre territoire où il s’est porté garant de son intégrité. Osera-t-il aujourd’hui porter le costume de l’odieux Amadou Koufa pour se rendre au Centre et lui demander la permission d’y organiser un paisible référendum ?

Oui, n’oublions pas aussi les réformes institutionnelles, surtout la création possible d’un Sénat. Au moment où à côté Macky Sall a dissout son sénat pour économiser des milliards et construire des centrales électriques. Bien sûr, on est tenté de comprendre. Quand les autorités actuelles du pays arrivaient aux affaires de l’Etat, elles ont pu, bien sûr, trouver dans l’administration des places juteuses pour leurs enfants, cousins et cousines, neveux, la liste est interminable. Et n’ayant, souvent la moindre compétence. Dès lors, la famille s’est agrandie et les petits grandissant, il faut trouver d’autres postes. Les bureaux de Koulouba étant saturés ainsi que ceux des ministères, ne serait-il pas ingénieux de créer une autre boîte avec des bureaux somptueux climatisés à la sueur du contribuable ? Et y loger ses proches d’abord qui y viendront s’asseoir et boire à volonté le sang de la nation. Le slogan, «le Mali d’abord» étant longtemps mis dans l’oubliette.

Notons que certaines grandes nations fonctionnent avec des constitutions du 18ème siècle, rarement modifiées et avec des ministères qui ne dépassent pas la quinzaine. Par contre en Afrique, c’est la modification sans fin du texte fondamental et avec des dizaines de ministères. Cela, pour se partager le gâteau national au détriment du Peuple. Mais, quand les pauvres enseignants, médecins, infirmiers ou autres réclament une augmentation légitime de salaire, on crie haut et fort que les moyens manquent. Par contre, les moyens ne manquent jamais pour se doter d’avion présidentiel dont le prix est connu seulement par le Tout Puissant et avec lequel on fait des voyages interminables et inutiles. Où est alors la justice sociale ?

 

Les solutions possibles

Aide-toi et le ciel t’aidera ! La solution la plus idoine doit venir et viendra des maliens. A notre avis, une mobilisation générale nationale est nécessaire. Une conscientisation générale de la population qui doit se sentir concernée et se vacciner de vaccin patriotique. Une conférence nationale sur le sort de notre nation menacée doit être convoquée pas par le pouvoir seulement mais aussi par la société civile. On y réfléchira longuement pour un projet de société encré sur nos valeurs nationales et africaines. Mobilisons surtout l’intelligentsia qui doit venir au secours de la nation. La conscientisation d’une jeunesse mobilisatrice qui doit prendre sa destinée en main et comprendre que seul le bonheur par le labeur et dans la dignité est vertu.

Concernant le centre du Mali, une concertation minutieuse est nécessaire pour savoir la source exacte du conflit. Éteindre un feu sans le localiser est difficile. Les forces en présence au Mali suffisent pour massacrer tous les terroristes : FAMAS, G5 SAHEL, BARKANE, MINUSMA. Et toutes ces forces pour contenir une crise dans une région du centre de moins de cent mille kilomètres carrés à la savane aux arbres clairsemés. On ne doit pas hésiter à bouter hors du pays toute puissance étrangère cherchant à le détruire. Le président Modibo Keita a osé. Mains dans les mains, cœurs aimant cœurs, nous devons nous reconstituer pour se libérer des démons intérieurs et extérieurs. Ne chantons nous pas chaque fois ce passage de notre cher hymne national: “Si l’ennemi découvre son front, au dedans ou au dehors, debout sur les remparts nous sommes résolus de mourir”? Alors chanter son hymne avec amour est bien, mais agir selon ses textes, c’est encore mieux. La cigale a longtemps chanté. Il est maintenant certainement temps de danser.

Séguemo Kassogué

Source: L’Evènement