Depuis la présentation du Plan d’action du gouvernement de transition devant le Conseil national de transition, les réactions fusent de tous les côtés. Dans les réactions, les critiques et le doute quant à la faisabilité des actions annoncées dominent le plus. Pour le Dr Ousmane WANE, enseignant chercheur en géologie, DER géologie à la Faculté des Sciences Techniques de Bamako, le plan d’action présenté par le Premier ministre devant le CNT est au-delà de sa mission et de ses forces. Il a pris de soins de relever quelques actions qu’il juge inapplicables.

 

‘’J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le Plan d’actions du Gouvernement du Premier ministre Moctar OUANE. Je suis resté sur ma faim et j’ai été éberlué par l’énoncé de tant d’actions grandiloquentes!
Ce plan comporte 6 axes déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs (sic). Il ressemble banalement aux plans stratégiques que nous avons l’habitude d’élaborer au niveau universitaire. Je ne le lui vois rien d’innovant, par contre je perçois sa soif d’impressionner un peuple crédule.
C’est un plan ambitieux, tellement ambitieux qu’il verse dans la démesure; un seul mot pour illustrer mon propos : priorité. Au lieu d’employer le terme objectif(s) qui décline normalement l’axe, le Premier ministre utilise pompeusement le mot priorité. Comme pour se persuader qu’il a les moyens de mener à bien sa politique d’actions ronflantes.
Le plan d’actions qu’il a présenté devant le CNT est au-delà de sa mission et de ses forces. Pour illustrer ma pensée, je verserai dans le débat les inapplicables actions avancées au niveau de la priorité 1 de l’axe 2: (i) présence effective de la Justice sur toute l’étendue du territoire national ; (ii) mise en œuvre du Plan de libération des servitudes et des lits des collecteurs naturels du District de Bamako des occupations illicites en vue de lutter contre les inondations. J’aurai pu avancer d’autres, mais je préfère rester sur ces deux-là. En politique la frontière entre aspiration et démagogie est mince!
Je n’ai rien contre la personne du Premier ministre qui se trouve être un cousin lointain, au 5ème ou 6ème degré. Il est plus outillé pour arrondir les angles qu’à trancher dans le vif. C’est un homme courtois mais effacé. J’ai l’impression qu’il ne commande réellement que ses nominations à la primature et un tout petit peu son institution. Il est commun d’entendre, dans le microcosme malien, que beaucoup de ministres ne lui rendent pas compte. Au fond, c’est un Premier ministre sur papier mais pas plus!
Quand on a occupé de très hauts niveaux de responsabilité dans ce pays comme lui, qu’on a un nom et qu’on est à l’abri du besoin, on fait attention à son image et on accepte pas toutes les charges, surtout celles dont on devine les pièges et qui peuvent emporter sa patrie, tout du moins la diviser.
Wa Salam

* Dr Ousmane WANE (enseignant chercheur en géologie , DER géologie à la Faculté des Sciences Techniques de Bamako ).

Source : INFO-MATIN