Au cours d’une conférence de presse tenue hier à la Maison de la presse, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, a révélé le détournement de plusieurs milliards de F CFA dans l’achat des 42 pickups et des hélicoptères par les autorités. « Des milliards ont été dilapidés pour rien. Les hélicoptères de combat dont l’achat a été tant médiatisé ne sont pas entrés en action ni pour secourir les blessés ni pour  secourir les blessés ni pour anéantir les agresseurs », a déploré M. Dramé.

C’est une enquête du Parti pour la renaissance nationale qui vient de lever le voile sur les malversations qui ont entouré les marchés des équipements roulants au nombre de 42 pickups et des hélicoptères de chasse et de combat. Selon le document remis à la presse, malgré l’insécurité croissante, les milliards destinés à l’armée sont détournés. « Depuis au moins un an, le président de la République et le gouvernement ne ratent aucune occasion pour célébrer  la remise d’équipements à nos forces armées. D’importants moyens auraient été acquis pour mettre nos forces en état d’accomplir leur mission sacrée de défense de notre pays », ironise le bélier en chef. « Les propagandistes du régime mettent notamment l’accent sur l’achat d’avions et d’hélicoptères du transport de troupes ou de combat. A l’en croire, l’armée de l’air a poussé des ailes. Jamais un président de la République n’avait fait autant pour les forces armées et de sécurité selon le ministre de la sécurité lors d’une interview avec des animateurs de radio en langue bamanankan… »

Tiébilé Dramé a rappelé que dans Jeune Afrique N 2969 du 3 décembre 2017, le président de la République lui-même n’a pas manqué de clamer ceci : « nous avons fait un effort budgétaire considérable pour doter les forces d’armements modernes, notamment d’une aviation. Sont acquis ou en voie de l’être quatre hélicoptères Puma et MI-35, quatre avions d’attaque super Tucano brésiliens, trois avions de transport casa et Y-12 chinois. Quand je suis arrivé aux affaires, notre aviation, qui eut ses heures de gloire, était à l’image de l’Etat malien : réduite à néant. Aujourd’hui, elle renait, à l’instar du Mali ». « Malheureusement pour les Maliens, plus le président et ses ministres parlent de nouvelles acquisitions, plus l’insécurité augmente », a souligné Tiébilé Dramé lors de la conférence de presse à la Maison de la presse. Pour preuve, dit-il, en 2017, « 716 personnes ont perdu la vie au Mali. Parmi elles, 245 militaires maliens. Les trois premiers mois de 2018 ont enregistré la mort d’au moins 300 personnes dont 51 militaires maliens et six internationaux ».

« Le décalage entre acquisition de moyens et insécurité a été illustré à plusieurs occasions, notamment lors de l’attaque du camp militaire de Soumpi le 27 janvier dernier. Quatorze soldats maliens ont perdu la vie ce jour, près de 20 blessés. Des véhicules et du matériel de guerre ont été emportés par les assaillants qui ont plus tard exhibé leur butin. Les hélicoptères de combat dont l’achat a été tant médiatisé ne sont pas entrés en action ni pour secourir les blessés ni pour  secourir les blessés ni pour anéantir les agresseurs. Où étaient les hélicoptères de combat le 27 janvier ? », s’interroge-t-il.

Selon nos informations, les dépenses dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation militaire ont donné lieu à des détournements de deniers publics d’énormes surfacturations. « Un super PUMA d’association acheté en Irlande et payé en espèces. Près de 3,5 milliards de FCFA ont été déboursées pour payer cash un hélicoptère de transport type  Super Puma  en violation de toutes les règles élémentaires de procédure d’achat… »

Présenté à la presse au moment de son acquisition, cet hélicoptère est cloué au sol malgré l’achat de pièces un hélicoptère entier, le gouvernement du Mali s’est donné à une pratique digne de la mafia, ajoute-t-il.

« Un second Super PUMA a été acheté à 3,9 milliards de FCFA auprès d’Airbus. Les termes et conditions de ce contrat sont  inconnus. Le document du contrat est tout simplement illisible selon le cabinet d’audit. Entre le 23 et 26 mars 2018, le nouveau Premier ministre s’est rendu à Kidal, Gao, Tombouctou et au centre du pays. Il a évité les hélicoptères Super Puma maliens qui tombent souvent en panne. L’on a, ici, une claire indication que le gouvernement a préféré acquérir de vieux appareils dans des conditions douteuses  plutôt que d’investir dans les hélicoptères à même de voler », selon le Parena.

Et de poursuivre qu’il y a un mystère des avions brésiliens : en juin 2015, le Mali a signé un contrat de 88,7 millions de dollars américains, soit environ 51,682 milliards, pour l’acquisition de 5 avions de guerre  Super Tucano. « Au lieu de 51, 7 milliards de FCFA initialement prévu, le contrat de juin a fait l’objet de 53,302 milliards de FCFA  d’engagement et de mandatement entre 2015 et 2017 par les services financiers de l’état. Une première tranche de 13,367 milliards a été liquidée en 2015. Une seconde tranche de 18,636 milliards a été payée en 2016. La  liquidation  de la troisième tranche de 21,298 milliards était prévue en 2017. Où sont donc passés les deux avions de guerre… ? ».

La valeur de ces deux avions est d’environ 20,7 millions de dollars, soit environ 11,2 milliards de FCFA.

Bréhima Sogoba

Source: L’ indicateur du renouveau