Si le Général de division Sidi Alassane Touré, ancien gouverneur de la région de Mopti avait toujours opté pour la meilleure stratégie de combat contre le terrorisme en se focalisant sur les meilleurs concepts du monde, en dénonçant certaines pratiques aggravants de la crise et en optant pour la mise en place du Plan de sécurisation intégré des régions du Centre (PSIRC) sans succès, compte tenu du manque de dynamisme du gouvernement en place, le Général de brigade Abdoulaye Cissé, actuel gouverneur de la région de Mopti a toujours pensé que c’est la tête du serpent qu’il faut couper pour qu’il meurt.

Il a aussi mis en accent particulier sur le dialogue. Quant au Professeur Dioncounda Traoré, désormais Haut représentant du chef de l’Etat pour les régions du Centre, il faut dialoguer avec les terroristes car la crise actuelle est « Le règlement de vieux comptes et des vieilles rancunes accumulées qui ont engendrés des violences intra et intercommunautaires qui devaient rapidement conduire à la création des milices et groupes d’auto-défense ». Alors, d’où viendra la solution si le Président de la République n’est pas aussi déterminé que ces trois personnalités ? Ou bien c’est maintenant qu’il commence à se renseigner sur la crise au Centre ?
Tout le monde a compris ce qui se passe dans la région de Mopti, sauf les membres du gouvernement et le Président de la République. Si réellement le gouvernement travaille à restaurer la sécurité dans les zones en conflit, pourquoi, allons-nous prendre 10 ans pour y remédier? L’Etat n’arrive pas à régler la crise scolaire parce que le pays est en guerre. Et il n’arrive pas aussi à gagner cette guerre car quelqu’un est protégé pour ne pas compromettre les intérêts de quelqu’un. On le sait aussi, certains n’ont plus intérêt à ce que cette crise prenne fin car elle y va de leur survie. Au lieu de faire de la propagande et vouloir gagner vaille que vaille la guerre sur les réseaux sociaux, le gouvernement doit songer à gagner réellement cette guerre. C’est le comportement même de nos gouvernants qui pousse les exclus à prendre les armes. Quelqu’un a même dit qu’on n’a rien tant qu’on a prend pas les armes au Mali.
Pourquoi la CMA a accepté de retourner sur la table du Dialogue national inclusif ? On le sait, ils ont eu plusieurs nouveaux colonels, commandants, capitaines et lieutenants ; nommés par décret présidentiel. Et les forces armées reconstituées doivent être commandées par ces officiers aussi.
Pour la crise du centre, particulièrement celle de la région de Mopti, l’injustice de l’Etat est d’une grande part responsable de l’enrôlement des jeunes autochtones dans les groupes terroristes. Ainsi, dans des zones où les populations ne vivent que de l’élevage, l’agriculture, la pêche et la cueillette, comment pourront-elles subvenir à leurs besoins élémentaires qui sont généralement liés à l’argent ? Dans un pays où les recrutements dans la fonction publique et dans l’armée sont conditionnés aux soutiens de personnalités et aux relations, il n’est pas surprenant de voir naitre des systèmes de rattrapage comme le DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion), etc. Pourquoi les régimes se suivent et se ressemblent dans notre pays ? Du Nord au Centre, les évènements conduisant à l’instauration du DDR ne font pas honneur à la nation. Quelle honte !
Tout le monde connait aujourd’hui ceux qui tirent les ficelles de la crise au Centre du Mali. Certains ont même fait des déclarations de guerre sur les ondes des radios et télévisions internationales. Mais sont-ils aux arrêts aujourd’hui ? Pourquoi ils sont toujours en liberté ?
Dans un pays où on ne peut pas interpeller tous les terroristes, comment ce phénomène va-t-il prendre fin ?
L’Etat a complètement failli et les conséquences sont visibles : création de groupes d’auto-défense ou de milices dans presque toutes les localités de la région de Mopti ; plusieurs villages brûlés et/ou vidés de leurs populations au Pays Dogon ; circulation accrue des armes de guerre ; situation de no man’s land dans plusieurs localités de la région ; incapacité de l’armée à contrôler toutes les localités de la région de Mopti ; un bilan macabre impressionnant ; etc.
« Il y a des individus qui font de cette crise leur fonds de commerce », avait alerté dans nos colonnes le Général Abdoulaye Cissé, Gouverneur de la région de Mopti.
Le Premier ministre Dr. Boubou Cissé avait bien commencé les démarches pour une sortie de crise négociée, il s’est fait bloquer par son orgueil. Peut-être qu’il ne pensait pas que les populations des villages pouvaient aussi avoir des concepts compliqués, n’étant pas docteurs. Par la suite, il n’y a eu aucune suite à sa démarche et il serait maintenant plus politicien que les Présidents des partis politiques.
Le gouvernement n’a aucune solution à cette crise et déploie à l’abattoir nos militaires sans le matériel adéquat. Le peuple, quant à lui, n’a aucun moral ni aucun espoir. Les communiqués du porte-parole du gouvernement n’arrangent plus rien car la population vit les évènements en direct tandis que le gouvernement les voient toujours en différés.
De toute façon, IBK n’est jamais au courant de tout ce qui se passe au Mali. Il a les pieds dans le Néolithique et la tête dans le thermonucléaire. Ainsi, compter sur l’après IBK pour la résolution de cette crise est peut-être la seule solution. Heureusement qu’il sécurise bien Bamako, parce qu’il y vit.

Alfousseini Togo

Le Canard de la Venise