Les rues de Badiangara, ville située au Pays Dogon, étaient noires de monde le dimanche 9 septembre 2019. Les habitants manifestaient contre le bombardement d’un camp de la milice de chasseurs Dan Na Ambassagou par un avion considéré comme appartenant à l’armée. «Nous demandons le retour sans délai et en toute sécurité de toutes les populations déplacées dans leurs localités respectives », a déclaré Abdoul Sagara, le porte-parole des manifestants devant une foule surexcitée.

Les manifestants ont vigoureusement protesté contre les méthodes du gouvernement et s’en sont pris particulièrement au Premier ministre. «Nous demandons la démission immédiate du Premier ministre Boubou Cissé », a déclaré le porte-parole des manifestants qui a également fait savoir que la population souhaite le départ des forces étrangères dont les casques bleus et les militaires français.

Les manifestants clamaient des slogans hostiles à différentes institutions et personnalités. Du président IBK aux députés, en passant par des ministres, les marcheurs ont dénoncé la complicité passive des autorités dans la souffrance que vivent les habitants du Pays Dogon.

Tout est parti du bombardement d’une position des chasseurs Dogon dans la localité de Bandiougou le 5 septembre, une attaque considérée comme un acte de guerre contre la population.  Selon les jeunes Dogon, au lieu de bombarder et vouloir désarmer les  chasseurs qui les protègent, le gouvernement aurait dû prendre des mesures pour sécuriser la population contre les djihadistes.

Selon Assigué Dolo, un ressortissant de la zone, la jeunesse du Pays Dogon, particulièrement celle de Bandiagara, dénonce la confusion que crée le gouvernement Boubou Cissé. Commentant la photo d’un agent de L’ONG YAGTU tué par des hommes armés, il écrit : «ce jeune homme faisait partir des six (6) personnes enlevées de leur véhicule et brûlées vives hier dimanche, le 08/09/2019 entre Simekanda et Parou à 15 Km de Bandiagara par la faute du régime d’IBK et surtout du gouvernement Boubou Cissé».

Selon les manifestants, les chasseurs sont le seul rempart contre les terroristes qui dévastent tout malgré la présence des armées malienne, française et des casques bleus. En attendant, le gouvernement reste muet sur le bombardement en question et sur sa gestion de la crise au centre du pays ; au même moment une partie de la population exprime sa méfiance grandissante envers l’Etat.

Soumaila T. Diarra

Source: Le Républicain