Le mercure monte. Les effroyables tueries dont leurs camarades sont victimes, ils ont du mal à les supporter. Et ce qui les rend plus sur les nerfs, l’injustice entretenue au haut sommet de l’armée malienne mais aussi de l’Etat.

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Ces derniers temps, la tension commence à prendre de l’ampleur dans les casernes. En ces lieux, les militaires dénoncent les conditions dans lesquelles leurs camarades engagés sur le champ de bataille sont tués. Ils n’ont rien, même le minimum ; l’Etat a du mal souvent à assurer cela. Raison pour laquelle, ils sont à la merci des assaillants qui à chaque fois débarquent quelque part,  leur passage enregistre des scènes effroyables. Militaires égorgés, éventrés,  matériels incendiés, emportés… c’est le bref résumé triste qui circule partout.

Pour situer la responsabilité, dans les casernes, nos militaires accusent leur hiérarchie et par-delà l’Etat malien. La plus part des chefs dans l’armée, ils se soucient peu des conditions de vie de leurs éléments sur le terrain. Ils n’ont pas l’esprit de patriotisme.  Au lieu de défendre la Nation, ils  voient plutôt leur vie personnelle. ‘’ Allez-y vérifier leurs comptes au niveau des banques. C’est incroyable. Au moment où les militaires broient du noir, sont confrontés à toutes sortes de conditions inhumaines, les sous destinés pour améliorer leur condition de vie prennent d’autres destinations. Les chefs les épargnent en leurs propres noms’’. Nous confia un militaire rencontré la semaine passée dans la Ve région.

Un autre que nous avions joint en IIIe région vendredi dernier, il pense qu’au-delà de la hiérarchie militaire, l’Etat malien n’est pas responsable. Comment peut-il déployer les moyens surtout financiers et ne pas avoir un minimum de regard sur leur utilisation ? Il s’en fout. Comme s’il a peur d’affronter la réalité, c’est-à-dire les chefs militaires qui empochent les sous au risque d’avoir l’armée sur son dos.

Sa méthode est erronée. Au contraire, la posture actuelle elle est plus dangereuse. Pour preuve, après  l’attaque de Boulkeissi où nos militaires ont été égorgés (cette vérité cachée), il y a eu une manifestation à Kati en fin de semaine pour dénoncer la politique de l’Etat qui consiste en un mot à faciliter l’abattage de nos militaires engagés sur le front, car ils manquent de moyens.

A Sikasso, le même climat règne. Vendredi, un renfort devrait quitter la ville en destination du nord. Il est parti sous un regard pitoyable. Même les engins roulants faisaient défaut. Quelques-uns stationnés dans les garages ont été dépoussiérés, bricolés et mis à la disposition des militaires. Ils les ont mis sur la route en leur promettant qu’ils auront les matériels une fois arrivés à destination. La promesse ne tient pas. C’est la stratégie de la hiérarchie militaire au Mali. Et au bout du compte, rien ne se concrétise et des scènes tragiques se déroulent après sur les sites où nos militaires sont engagés.

Aujourd’hui, la révolte prend de l’ampleur. Partout, dans les casernes on en parle à visage découvert. Car trop c’est trop, estiment-ils.

Boubacar Yalkoué