Saurons-nous un jour toute la lumière sur l’assassinat du président de la CMA à Bamako ? Bien qu’officiellement, les autorités maliennes assurent de la poursuite de l’enquête sur ce fait odieux qui aura, à coups surs, une empreinte négative sur le processus de paix, il est aussi bien connu que les liaisons entre Bamako et la rébellion sont enveloppées d’un épais manteau de mystère savamment entretenu.

Au cœur des nombreuses interrogations qui entourent l’assassinat du chef de la CMA, demeure néanmoins une certitude. C’est que la vie d’un rebelle, bien que pouvant déboucher sur une vie de privilèges et de luxe, est souvent dangereuse. Flirter avec les armes à feu pour parvenir à des fins politiques, c’est assez souvent la règle qui pousse nos frères du nord à épouser la cause d’une rébellion. Beaucoup réussissent, certains se perdent dans le jeu des positionnements, et d’autres malheureusement périssent dans des circonstances troubles.

Qu’à cela ne tienne, ce qui semble être un règlement de compte nous rappelle violemment à une priorité de l’Etat du Mali qui aura été mis au placard, actualité oblige. De l’indépendance du Mali à nos jours, le pays a tout le temps eu à faire à une rébellion avec souvent son corollaire de terrorisme. C’est comme si le Mali contemporain était né avec un tare congénital qu’il aurait tout le mal du monde à s’en débarrasser. Ou, peut-être que tout simplement les régimes successifs n’auront pas su trouver la bonne solution pour éteindre une bonne fois pour toute le problème d’une rébellion qui, au-delà d’être arabe ou touareg, serait tout simplement malienne.

Cependant, beaucoup tout en reconnaissant qu’il faille bien s’émouvoir de l’assassinat de l’ex rebelle reconverti, trouvent néanmoins que l’Etat malien aura été dans l’excès concernant sa communication dans cette affaire. Car élevé un tel personnage au grade d’officier de l’ordre national du Mali à titre posthume a, tout de même, de quoi interloquer plus d’un.

Pour l’instant, AQMI revendique le meurtre d’Ould Sidatt. Le représentant des jeunes arabes de Gossi, Ali Ould Alla, fut arrêté à l’aéroport de Bamako alors qu’il était en partance pour Tombouctou. Pour la revendication, de sérieuses réserves doivent être émises. Ce ne serait peut-être qu’un moyen pour le groupe terroriste de se signaler au grand public et montrer qu’il est toujours actif. Quant à l’arrestation d’Ould Alla, de nombreuses interrogations demeurent sur ce personnage pour le moins problématique. En effet, ce dernier avait été arrêté par Barkhane avant d’être relâché le 17 mars dernier.

Ahmed M. Thiam

Source: Infosept