En première ligne lors de l’attentat du campement Kangaba à Bamako, les Forces spéciales anti-terroristes (Forsat) sont une nouvelle unité créée après l’attentat de l’hôtel Radisson Blu en 2015. D’où viennent ces hommes? Sont-ils aussi chargés de la sécurité de la capitale?

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Les Bamakois se sont habitués à la présence de ces soldats d’élite, cagoulés, qui circulent armes au poing sur des pick-up, le plus souvent la nuit, dans les rues de la capitale. Ces forces spéciales anti-terroristes (Forsat), sont composées de trois corps : la garde nationale, la gendarmerie et la police.

Chacun de ces corps a mis à disposition environ 60 personnels, triés sur le volet. Ils représentent donc environ 180 éléments mobilisables 24h sur 24h et qui répondent aux ordres du ministre de la Sécurité publique. C’est un dispositif unique au Mali et qui a fait ses preuves depuis sa mise en service. Mais c’est la première fois qu’ils sont confrontés à un attentat d’une telle ampleur.

Dimanche, le dispositif a fonctionné. Les Forsat sont arrivés en moins de 30 minutes à proximité du campement, avant de lancer un assaut, épaulés par des soldats de la mission européenne et par des membres de la sécurité de l’ONU.

Ces forces de l’ordre disposent de moyens matériels renforcés, des blindés, mais aussi des quads et des motos pour être le plus mobile possible. Ils s’en sont servis ce dimanche. Après plusieurs heures de traque, ils sont venus à bout des assaillants. L’un de ces personnels est décédé au combat.

Qui sécurise quoi à Bamako?

A Bamako la menace est permanente, les sites sensibles très nombreux. Pourtant, le dispositif de sécurisation est loin d’être réellement imposant.

Les policiers, en armes, sont stationnés aux points stratégiques de la capitale : la cité administrative, les ponts, les carrefours.

La garde républicaine, elle, se trouve devant les institutions, les banques, l’aéroport. « Un effort a été fait en termes d’équipement et de formation et cela se voit », estime Ibrahim Maiga de l’Institute for Security studies. Le chercheur se dit néanmoins surpris du faible niveau de visibilité et de vigilance qu’il observe : « les portiques des hôtels qui ne fonctionnent pas toujours, les quelques militaires postés à l’intérieur qui discutent en buvant le thé. » « Ce relâchement, estime Ibrahim Maïga, n’engage pas la population à la vigilance, d’autant que les attaques quasi quotidiennes dans le nord et le centre du pays sont perçues comme lointaines. »

La sécurisation des bâtiments publics comme privés est confiée à des sociétés de gardiennage privées. Le business est florissant. Postés devant les hôtels, les restaurants, les banques, les supermarchés, les résidences des personnes aisées, les vigiles, à quelques exceptions près, ne sont pas autorisés à porter d’armes à feu. Ils sont sous-payés et peu formés. Toutefois, le soir, en cas de menace, l’armée malienne peut faire des patrouilles, tout comme la Minusma.