Bamba, chef-lieu d’arrondissement, l’un des villages les plus anciens du Mali, fondé vers 490 soit 200 ans avant Gao et 937 ans avant Tombouctou a été la cible d’une attaque terroriste le lundi 6 avril 2020 à 5 heures du matin. La ville de Bamba qui se situe à équidistance de Gao et de Tombouctou, 240 km de part et d’autre est généralement la cible des attaques terroristes.

 

Cette attaque vient fort malheureusement rappeler aux populations une autre attaque beaucoup plus meurtrière qui a eu lieu, elle aussi un lundi, jour de foire et qui a causé la mort de plus de 103 personnes parmi les populations civiles et plusieurs portés disparus.
L’attaque du lundi 04/06/2020, selon certaines sources a fait 28 morts et de blessés graves qui ont été évacués à Gao. Le camp militaire a été totalement détruit, le matériel roulant et les armes en bon état ont été emportés et le reste calciné sur place. Les militaires ont opposé une résistance farouche aux assaillants un bon moment avant qu’ils ne soient submergés par leur nombre important et la supériorité des armes en leur possession.

Quand les militaires ont constaté que rapport de force était fortement en faveur des assaillants, ils ont cherché a faire moins de victimes parmi eux, alors, sauve qui peut, certains sont rentrés dans les familles, d’autres ont trouvé le moyen de se rendre dans les différentes îles, avec au plus leur arme de combat.

Un hommage mérité doit être rendu aux populations qui, au prix de leur vie ont accepté les héberger, car les terroristes pouvaient rentrer dans les toutes familles qui ont accordé l’asile aux militaires et faire feu de tout bois. Elles les ont hébergés et leur ont servi à boire et à manger, car chez elles tout enfant est enfant de tout le monde, à Tombouctou, on se plait à dire : « four nidjé, ma cambaye izé vani. », cela veut dire en sonrai : laisse ton propre enfant pour t’occuper de l’enfant d’autrui. Les hélicoptères arrivés les premiers ont seulement servi à dissuader les assaillants à se retirer, mais n’ont fait aucune victime parmi eux, comme quoi, il faut comprendre que les forces étrangères se limitent tout simplement à faire l’arbitrage entre nous et les ennemis qui veulent déstabiliser notre pays.

Le renfort militaire n’est arrivé qu’aux environs de 13 heures, ils ont eu pour toute tache de compter et d’identifier les morts, car les assaillants s’étaient déjà retirés. Jusqu’à 13 heures encore, nous étions en contact avec nos parents qui nous donnaient toutes les informations, certaines familles ont eu à héberger plus de 10 militaires et les ont pris en charge jusqu’à l’arrivée du renfort, où ils ont pu regagner leur camp en piteux état. L’interruption des réseaux téléphoniques est intervenue après 13heures, ce qui nous donne à croire que c’est certainement nos militaires qui sont à la base, peut-être pour des raisons stratégiques, mais cette interruption nous a fait trop mal, car nous étions complètement coupés de nos parents et dans de telles conditions, le cœur ne propose rien de bon à l’homme. On s’était dit que les terroristes avec les moyens militaires qu’ils ont pouvaient revenir et anéantir tout le monde, militaires comme civils, heureusement, la liaison s’est rétablie très tôt le matin, mais franchement, nous n’avons pas fermé l’œil de toute la nuit.
Il est grand temps que l’Etat comprenne que dans des zones isolées comme Bamba, c’est une forteresse qu’il faut s’il veut se maintenir, sinon on envoie tout simplement à boucherie des jeunes cadavres qui seront remplacés par d’autres jeunes cadavres et ainsi de suite jusqu’à mettre le Mali à genoux.

Ces braves populations qui, malgré tout n’ont jamais accepté se séparer du Mali, ne méritent pas que le Mali à son tour ne puisse pas leur offrir la protection qu’il faut.
Le Mali doit se doter d’hélicoptères de combat capables d’intervenir chaque fois que la nécessité s’impose. Le territoire est tellement grand et les camps militaires tellement éloignés les uns des autres que le renfort qu’on envoie après une attaque peut- être assimilé au médecin après la mort.

Nous n’allons jamais cesser de décrier le comportement de Barkane et de la Minisma, car ces deux forces sont plus des forces d’arbitrage que des forces d’intervention, sinon comment comprendre que les terroristes qui s’étaient retirés à 5 km après leur forfait à un endroit où d’autres populations les voyaient ne puissent pas être vus par les hélicoptères. Tout le monde sait que cette zone totalement dégagée à perte de vue ne peut pas échapper à la vue d’hélicoptères équipés de jumelles modernes s’il n y a pas d’anguilles sous roche.

Si nous voulons nous libérer, nous sommes tenus de nous assumer en nous donnant les moyens de mener notre propre guerre avec les armes de pointe. Ceux qui sont venus pour nous aider, feront mieux de nous donner les moyens de combattre, les hélicoptères de combat et les armements modernes qu’ils possèdent et de se retirer simplement pour être utiles à leurs pays.
Nous adressons nos sincères condoléances aux familles durement éprouvées, ainsi qu’aux populations meurtries de Bamba qui n’en sont pas à leur première expérience et qui malgré tout sont prêtes au sacrifice suprême pour rester encore maliens.
Nous interpelons nos autorités au plus haut niveau pour que plus jamais notre existence ne se limite à faire uniquement des deuils interminables.
Qu’Allah bénisse le Mali et qu’Il nous éloigne des l atrocités des terroristes et des ravages provoqués par les maladies de notre temps.

Almatar Mahamar Touré ECRIVAIN

Source : L’Agora