Les militaires français de la force Barkhane ont été visés jeudi par une attaque kamikaze contre un convoi, dans la région de Gao, au Mali. Trois soldats ont été blessés dont l’un grièvement.

Une attaque suicide contre des blindés français ce 11 janvier 2018 pour dire «la guerre continue» : la date ne doit sans doute rien au hasard. C’est en effetdans la nuit du 10 au 11 janvier 2013, que l’opération Serval a été déclenchée au Mali. Les forces spéciales françaises (1) ont été engagées pour arrêter la progression vers Bamako des groupes armés islamistes qui avaient pris le contrôle de la rébellion dans le nord du pays.

Depuis, l’opération Barkhane a pris la suite et des coups durs et répétés ont été portés aux organisations jihadistes dans la bande sahélo-saharienne par les militaires français.

Instabilité et insécurité

Mais le Mali reste très instable ainsi qu’en a témoigné 2017 après une année 2016 qui avait déjà été marquée par une hausse de 121 % du nombre de victimes dans le nord et le centre du pays, (332 personnes ayant trouvé la mort dont 207 civils).

Deux ans après l’Accord d’Alger signé par la République malienne, les milices pro-gouvernementales et la Coordination des mouvements de l’Azawad, le protocole qui était censé ramener la paix en 2015 ne se confirme toujours pas sur le terrain et les groupes terroristes continuent à entretenir l’insécurité.

Le 12 décembre dernier, six personnes ont ainsi été tuées près de Tombouctou, dans le nord-ouest du Mali, par des jihadistes qui visaient un groupe armé favorable à cet Accord d’Alger.

Jeudi, ce sont trois soldats de la force Barkhane qui ont été blessés, dont un grièvement, lorsqu’un pick-up piégé a été lancé par un kamikaze contre leur convoi blindé qui circulait entre Ménaka et I-n-Delimane, au nord-est du Mali.

L’assaillant «s’est fait exploser à proximité d’un VAB (Véhicule de l’avant blindé)», a précisé le colonel Patrick Steiger, porte-parole de l’État-major. La veille, une opération conduite à Menaka, avait permis l’arrestation de plusieurs «membres de groupes armés terroristes» actifs dans cette zone frontière du Niger et du matériel, des documents et des armes avaient été saisis.

Le blessé grave – dont le pronostic vital ne serait pas engagé – a été évacué vers la France et admis dans un hôpital militaire de la région parisienne, les deux autres ont été soignés sur place. Selon le site spécialisé opex360, cette attaque suicide a vraisemblablement été commise «par le Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin (Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans – GSIM), qui réunit plusieurs groupes jihadistes sous l’autorité de Ilyad ag Ghaly». Au début de la guerre au Mali, en 2012, ce chef touareg avait fondé le groupe jihadiste salafiste Ansar Dine.

La précédente attaque kamikaze avait visé le 18 janvier 2017 d’anciens rebelles et membres de groupes armés progouvernementaux à Gao faisant plus de 60 morts et 115 blessés. Elle avait été revendiquée par al-Mourabitoune, affilié à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

(1) Chef de bataillon du 4e RHFS de Pau, Damien Boiteux a été le premier des 18 morts français depuis le début de l’intervention.


Les paras de la 11e BP en mai

Les militaires de la 11e brigade parachutiste retrouveront Barkhane à partir de mai. Le 1er régiment de hussards parachutiste et le 35e régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes, le 17e régiment du génie parachutiste de Montauban et le 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi fourniront des unités pour prendre leur tour de quatre mois en BSS. Une quarantaine de parachutistes des GCP (commandos) y sont déjà présents (mais ne participaient pas à l’action de jeudi) ainsi que des équipes du 1er régiment du train parachutiste de Francazal.

La Depeche