Avec les conflits intercommunautaires, les communautés ont développé une forte capacité de résilience, mieux, elles ont même innové avec des stratégies de défenses individuelles mais aussi collectives.


Au centre du pays, les réalités diffèrent du reste du pays. Ce n’est pas le folklore de Kidal ou la CMA, le HCUA et MNLA jouent à la comédie avec la bénédiction et le concours constant de la France. Ce n’est non plus pas une idée d’indépendance, de séparatiste ou d’autonomie qui est à l’ordre du jour. C’est une question de vie pour les hommes et de moyens d’existence pour la famille. Dans cette situation ombrageuse et cynique, il y a moins de bruit mais beaucoup de dégâts et chaque minute qui passe est un sursis que la vie offre généreusement aux hommes assurant la défense du village. La réalité de la zone semble être occultée par les médias nationaux et internationaux. Même si quelques informations fusent, la réalité ne se dit pas dans la presse. Tout semble être fait pour permettre au désastre de régner en maître absolu et incontestable.

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D’un calme paradisiaque avec des spécificités climatiques ou les fruits, les légumes et les céréales sont abondants, aux troubles de l’enfer, ou tout est devenu rare et si cher. Face cette nouvelle donne, les communautés résistent et s’accrochent à la vie comme elles peuvent. Avec le conflit intercommunautaire auquel s’est s’agrippé le terrorisme c’est une nouvelle plaie sur une ancienne et qui pue douloureusement sous le regard complice de l’État. La faiblesse de l’État, le non-soutien de l’État à ses représentants, la contraction entre les décisions du sommet de la hiérarchie et la base ont créé une image qui fait que le représentant de l’État n’est rien d’autre que des simples personnes indésirables auprès des populations. L’armée qui est la force de la coercition n’est que des simples statuettes qui portent la tenue treillis sur lesquelles ont le drapeau du Mali et les initiales de FAMAS. « Nos militaires ont besoin du soutien et de la confiance des populations pour se sentir héros pour assurer le travail de défense dont ils ont la responsabilité. Sans cette marque de confiance mentale, il leur est difficile de se sacrifier car personne ne va se donner inutilement à la mort », nous affirme un jeune leader de Bandiagara. Face à ce manque de confiance et de combativité, plusieurs villages du centre du pays ont développé une certaine capacité de défense. En plus des militaires qui ont chacun une arme, les populations en disposent également. Chaque homme dispose d’une arme dans la zone, tous deux (militaires et civiles) contre le même ennemi, les djihadistes. Un ennemi crée de toute pièce par l’extérieur. Les Peuhls désignés comme terroristes se cherchent eux-mêmes et accusent de leur côté les dogons-donso. Alors qui sont les terroristes ? Les forces barkhane et les FAMAS luttent contre qui ?

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Sans cautionner le terrorisme ni soutenir l’insécurité, notre objectif est de poser le problème sous un angle clair pour permettre à toute personne rationnelle de voir les choses à sa façon et d’en déduire selon la logique universelle qui s’appuient sur le concret. Lors du dernier ratissage de l’armée, selon nos informations, la plupart des personnes arrêtées ne sont que des simples paysans donso ou des jeunes peuls derrière les troupeaux de vaches. Ils n’ont été que des victimes collatérales de la situation. Ayant plus de voix pour se défendre ou s’innocenter, ils se résignent à la torture et la mort. L’amertume et la haine de leurs proches, leurs fils et leurs parents contre l’État immuable demeureront éternelles et dès que possible, leur vengeance sera au rendez-vous.
Donc en plus de la faiblesse et de l’absence de l’État, les autorités actuelles sont en train de créer des problèmes pour le futur et les gens qui les succéderont dans le temps. À titre d’illustration, des preuves palpables ont démontré que la rébellion des années quatre-vingt-dix n’est la conséquence de celle de 1965 et ce sont les enfants des parents tués qui seraient en train de venger les leurs.

L’État actuel est appelé à la prudence sinon, chaque ethnie malienne aura dans les années à venir son petit morceau de terre tant la division deviendra l’ultime solution.
B.M

Source : Le Point du Mali