Pour lutter contre la propagation de la pandémie du Covid-19, les plus hautes autorités du pays ont instauré un couvre-feu de 21h à 5h du matin. Et, ce sont les ministères en charge de la Sécurité intérieure et celui de l’Administration territoriale qui ont été chargés de sa mise en œuvre. Mais, depuis, la gestion du couvre-feu par les forces de sécurité est décriée par beaucoup de Maliens estimant qu’il y a beaucoup d’abus.

 

«Fermeté et courtoisie», disait à ses hommes le directeur général de la Police Nationale, l’inspecteur général Moussa Ag Infahi, le 26 mars dernier. Ce jour, le directeur général de la Police donnait les dernières consignes concernant l’application du couvre-feu décrété par le Président de la République. Il invitait ses hommes à veiller au respect strict des mesures prises par les plus hautes autorités du pays et invitait également la population à la collaboration afin que les forces de sécurité puissent mener à bien leurs missions. Aussi, pour sa part, le Directeur Régional de la Police de Bamako, le Contrôleur général de Police Siaka B. Sidibé rappelait à ces hommes leurs missions : «les consignes sont claires. À partir de 21 heures, plus personne ne doit être aperçue dans la rue. C’est un couvre-feu, pas de complaisance. Mais pas de brutalité non plus. Vous êtes en mission de l’État certes mais aussi au service du citoyen».

Le soir de ce même 26 mars, 1ier jour du couvre-feu, certains éléments des forces de l’ordre appliquent à la lettre la première partie des messages des deux responsables de la Police. A savoir la «fermeté», et «pas de complaisance». Le lendemain, les réseaux sociaux sont envahis par des vidéos et images où les forces de sécurité maltraiteraient des populations restées au dehors après 21h. On dénonce le manque de courtoisie et la brutalité des forces de l’ordre. Cela, sur presque toute l’étendue du territoire national. Certains vont jusqu’à déclarer que le régime d’IBK montre son vrai visage en employant la brutalité et la barbarie : c’est de la dictature.

Il ne fallait pas attendre pour que la CNDH invite les forces de l’ordre à respecter les droits de l’homme, en particulier, le droit à l’intégrité physique, tant les agressions physiques ont été nombreuses aux premiers jours du couvre-feu. Meme à l’intérieur du pays, dans les capitales régionales et dans les cercles, les plus reculés de la capitale, la violence à prévalu. Cet habitant de Bandiagara joint au téléphone nous explique les abus des forces de la sécurité en cette période de couvre-feu.

Ainsi, des sources nous signalent qu’en une semaine, la Police a saisi des centaines de motos et de voitures. Aussi, plus de 4 milles personnes ont été interpellées depuis l’instauration du couvre-feu.

On nous signale à Kalancoura qu’un boutiquier et son fils ont été agressés physiquement, la troisième nuit du couvre-feu par des éléments des forces de sécurité. Récemment un agent de la santé a fait les frais des agents du «ouvre feu», pardon couvre-feu. Meme, si l’ordre des médecins du Mali affirme «qu’il n’y a pas eu de violence physique», le Pr Mounkoro a tout de meme été interpellé, malgré qu’il ait présenté sa carte professionnelle. A la suite, le ministre de la Sécurité indique avoir donné des instructions pour épargner le personnel sanitaire. Plus loin, le ministre Salif Traoré déclare qu’il «y a quelques éléments dont ils ne sont pas fiers des agissements». Allez-y comprendre !

La Rédaction    

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