Le camp en poudre,  25 corps et 13 rescapés retrouvés,  04 blessés graves  et un lot important de matériels  détruits ou emportés. Le bilan  ‘‘provisoire’’  officiel  (contesté au sein de l’opinion publique) de l’attaque terroriste  contre le  bataillon Sekou El haji Diakité  à  Boulkessi le lundi 30 septembre, prouve  à suffisance combien de fois, il reste encore du chemin à faire dans la gestion de la crise sécuritaire qui sévit  au Mali depuis  . Les gouvernants actuels en  ont vraiment conscience de cette situation.

D’abord, de la responsabilité du renseignement. Les Maliens ne cessent de s’interroger sur la place des services de renseignement dans la prévention des attaques terroristes de plus en plus violentes. Depuis les attaques presque simultanées contre le camp de Boulkessi et celui de Mondoro le 30 septembre 2019. L’on se pose encore la question à savoir  comment une colonne de djihadistes armés jusqu’aux dents a pu préparer des attaques d’une telle envergure et surtout se déplacer sur des kilomètres sans éveiller les soupçons.

L’étonnement de la population est grand d’autant plus que les terroristes avaient à leur disposition des véhicules qui sont loin d’être invisibles. En outre, il y avait plusieurs combattants enturbannés circulant en motos dans le sillage des voitures. Toute cette armada s’est déplacée des caches des terroristes jusqu’aux camps de Boulkessi et de Mondoro sans être aperçue par les renseignements maliens qui n’ont pas pourtant un manque de moyens si tout ce qui se dit sur l’équipement est vrai.

Les deux attaques, Mondoro et Boulkessi, ont eu lieu dans cette zone frontalière maliano—burkinabè  où sont déployés des contingents maliens du G5 Sahel.  Difficile d’accepter que cette localité qui a fait l’objet de plusieurs attaques terroristes dans le passé puisse ne pas faire l’objet d’une surveillance aérienne permanente de la part des services de renseignements.

Les dispositifs terrestres de surveillance, s’il en existe dans la zone, n’ont pas fonctionné suffisamment. Les populations qui peuvent donner l’alerte de façon discrète ne sont pas mises en confiance par les autorités. Par ailleurs, les numéros verts mis à leur disposition pour alerter les autorités ne marchent pas  à tous les coups. Plusieurs témoignages attestent de la difficulté d’avoir un correspondant en ligne.

Une semaine avant la dernière attaque contre Boulkessi, des citoyens anonymes se sont plaints de la difficulté de joindre les autorités à travers les numéros verts. Boulkessi qui semble être une cible privilégiée des terroristes devrait pourtant bénéficier d’une surveillance particulière. Mais il y a des failles dans le système des renseignements maliens.

Ainsi, dans la région de Koulikoro certains avaient tenté en vain de communiquer la présence de prêcheurs armés sillonnant des villages de la région. «On ne peut pas les avoir, et même si on finit par les avoir c’est pour que quelqu’un vous raconte sa vie », se plaignait un ressortissant de la région de Koulikoro qui dit avoir passé plus d’une heure à appeler en vain les numéros verts le 20 septembre 2019.

Il est évident que la sécurité malienne attend beaucoup plus des services de renseignement qui doivent redoubler de vigilance et revoir leurs plans d’opérations. Que faut-il attendre d’un service de renseignement qui n’est pas en mesure de tirer le maximum d’information de la rue et des causeries villageoises ? Les terroristes qui sont passés à l’acte dans la zone de Boulkessi  ne sont  pas tombés du ciel et étaient bien visibles par des habitants de la zone. C’est donc une évidence que les services de renseignement ont failli. Mais comme c’est le Mali, aucune sanction ne sera prise comme il a toujours le cas !

Il est minuit IBK

Loin des interrogations et des plaintes intérieures, des voix désespérées ont commencé  à se faire entendre. Au camp des  bérets rouges, des manifestations ont lieu  pour réclamer  le nombre exact de morts dans l’attaque de Boulkéssi (lire encadré). Cette manifestation, première du genre sous IBK, est la preuve de l’ingérence faite par le régime  d’en face qui, visiblement, des résultats illusionnistes au plan sécuritaire alors que le peuple est à bout du souffle.

Doit-on craindre le scenario de 2012 ?

Dans l’après-midi du mercredi 2 octobre 2019, les épouses et les enfants des militaires du régiment des commandos parachutistes ont pris en otage la voie qui mène à Sébénicoro ainsi que celle qui conduit à Kati. Très en colère, elles exigeaient des plus hautes autorités de rendre publique la liste des militaires décédés suite aux attaques de Mondoro et Boulkessi. Face à la gravité de la situation, le pire est à craindre, car c’est justement à la suite des manifestations du même genre qu’a éclaté la mutinerie de 2012, ayant conduit à un coup d’état contre l’ancien Président Amadou Toumani Touré.

Dans la vie d’un homme, il lui arrive des choses parfois, qui lui ôtent tout envie de vivre ou de continuer à se battre. Parmi lesquels, il faut citer la perte d’un être cher. Oui la perte d’un être cher est une épreuve difficile à supporter, surtout quand il y a de la confusion autour.  En effet, après l’attaque contre nos forces de l’ordre en fin de week-end dernier à Mondoro et à Boulkessi, les plus hautes autorités du pays ont fait un communiqué, à travers lequel on apprend que 25 de nos braves militaires sont décédés sur le champ de l’honneur et qu’il y a une soixantaine de portés disparus. Pourtant, leurs identités n’ont jusque-là, pas été dévoilées.

A l’analyse de la situation, il convient de dire que c’est face à la mauvaise communication de nos plus hautes autorités, que les épouses et les enfants des bérets rouges ont manifesté leur colère hier. D’ailleurs, elles l’ont affirmé à  travers des vidéos qui circulaient sur les réseaux sociaux hier mercredi. Selon eux, les plus hautes autorités du pays n’ont aucune raison de cacher les noms des personnes tuées. ‘’Le plus souvent, les communiqués de nos dirigeants ne disent pas toute la vérité sur les faits. Nous pensons que la soixantaine de personnes annoncée comme étant des portés disparus n’est pas vraie’’, disaient-elle, visiblement très en colère. Mieux, nous apprenons à travers une des vidéos, que les épouses et les enfants des commandos parachutistes ont empêché un convoi de militaires qui était censé rejoindre le front hier, de partir.

En tout cas, pour ceux qui connaissent  sait les circonstances ayant abouti au coup d’état de 2012, il faut  craindre le pire, même si personne ne souhaite cela. Raison pour laquelle, un appel à la vigilance est demandé aux plus hautes autorités du pays. Ils doivent savoir gérer cette situation avec tactique tout en évitant les erreurs du passé.

D’ici là, nous prions pour le repos de l’âme des disparus tout en souhaitant une meilleure santé aux blessés.

Source : La Sirène