L’armée malienne a perdu 38 soldats dans l’attaque de deux camps par des djihadistes en début de semaine, selon un nouveau bilan officiel communiqué jeudi soir et aggravant encore la sévérité du coup reçu par les forces gouvernementales.

« Je suis très fier de ces éléments, de ces parachutistes, qui se sont battus sur la position. Mais, malheureusement, après les décomptes, aujourd’hui, on a enterré 38 corps », a dit le ministre de la Défense Ibrahima Dahirou Dembélé à la télévision nationale.

Le précédent bilan gouvernemental datant de mardi soir faisait état d’au moins 25 soldats tués et d’une soixantaine portés disparus.
Ce nouveau bilan confirme l’ampleur du revers essuyé par l’armée malienne lundi et mardi autour des camps de Boulkessy et Mondoro, dans le centre du pays près de la frontière du Burkina Faso.
L’authenticité des premiers chiffres gouvernementaux avait immédiatement été mise en doute et les interrogations demeurent quant à la réalité du nouveau bilan.

Pour de nombreux observateurs, plusieurs groupes terroristes seraient à la manœuvre dans les récentes attaques au Mali et au Burkina Faso.
« Les terroristes ont aussi leur G5-Sahel. Ansar Dine, Front du Macina, al-Mourabitoune, AQMI, Ansarul Islam, État islamique dans le Grand Sahara : ça fait un G5 », ironise le chef d’un groupe d’anciens rebelles du nord-est du Mali.

Pour ce rebelle, depuis la déroute de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) dans l’est du Mali et de la Katiba Macina (affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM) au centre, les jihadistes se sont retranchés au Burkina Faso pour se recomposer. Des connexions ont même été établies entre eux.
Ce serait le cas notamment pour la dernière attaque de Boulkessi, attribuée par la force conjointe du G5 Sahel aux terroristes burkinabè d’Ansarul Islam.
Une version qu’interrogent des sources sécuritaires et politiques au Burkina.
«Les combattants d’Ansarul ne sont pas à la hauteur d’une attaque de ce genre, observe un analyste sécuritaire. Mais une collaboration avec le GSIM ou l’EIGS – car nous sommes dans leur zone d’action – est envisageable».

Ce type de partenariat de circonstance ne serait pas une première.
Une note des renseignements burkinabè datée du 30 août 2019 explique notamment que l’offensive contre Koutougou, dans le nord du Burkina, revendiquée par le GSIM, aurait finalement été menée par des hommes de l’EIGS.
Depuis plusieurs mois en effet, le nord du Burkina fait l’objet d’assauts dont la logique semble se dessiner aux yeux des experts.
Les terroristes ont d’abord fait sauter des infrastructures, comme les ponts autour de Djibo et Arbinda, coupant ainsi du reste du monde les deux principales villes de la région.
Les attaques à un mois d’intervalle de Koutougou, au Burkina Faso, puis de Boulkessi, au Mali, ont ensuite libéré momentanément l’espace frontalier des forces militaires régulières.

La région du Sahel, au nord du Burkina, est un carrefour stratégique.
Située à la frontière avec le Mali et le Niger, elle n’est séparée de la capitale Ouagadougou que de quelques centaines de kilomètres. Et le Burkina constitue aujourd’hui le dernier verrou avant d’atteindre les pays côtiers comme le Togo et le Bénin, voire la Côte d’Ivoire. Un verrou qui a tendance à se fragiliser au fil des jours.

Source: lemonde