Passer sous les fourches Caudines : l’extrême humiliation que l’armée romaine infligeait à une armée ennemie en déroute ; elle consistait à faire ramper l’adversaire, mains liées derrière le dos, aux pieds du généralissime vainqueur. Rome a disparu, le supplice avec. Mais la symbolique est demeurée et c’est comme si « les nobliaux de l’Adrar des Iforhas », avec la bénédiction de la Communauté internationale, avait choisi de nous la faire subir.

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Déjà, en 1992, ils avaient eu recours au même mode dilatoire, faire tout traîner pour cueillir à froid, le moment venu, l’adversaire, l’Etat qu’ils ne cessent de berner, sûrs de leur fait, se sachant soutenus. Avant la signature du Pacte National, quelle passion  l’Etat malien a-t-il dû souffrir, ballotté de ville en ville, au Mali et entre le Mali et l’Algérie, au gré des séparatistes, imposant à chaque étape leurs conditions aussi inacceptables les unes que les autres, poussant parfois l’outrecuidance jusqu’à émettre des mises en gardes ! Pour aboutir à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, combien de voyages a-t-il fallu consentir entre Bamako et Alger ?

Cela fait plus d’un an que l’Accord est signé. Depuis, tout est mis en œuvre pour restaurer l’unité et l’intégrité du territoire national. Mais toutes les initiatives de l’Etat allant dans ce sens sont des échecs et parfois, de retentissantes humiliations. Qu’on y regarde de près et l’on constate que, de la signature du document à ce jour, toutes les concessions sont consenties par l’Etat, aucune par les rebelles.

Or, la négociation suppose des concessions de part et d’autre. Sur ce point, l’on est en droit de se poser la question : ceux qui négocient au nom de l’Etat possèdent-ils les ressources nécessaires pour le faire, ressources tant intellectuelles que morales ? N’est-on pas quelque part en train de trahir la République ?

Intéressons-nous au cas particulier de l’Entente pour la mise en place des autorités intérimaires. Il est vrai que l’esprit du texte est prévu par l’Accord ; mais, sa substance, d’où sort-elle ? Au terme de quelle concertation a-t-il été rédigé ? Entre qui et qui y a-t-il eu entente ? Voilà un texte qui sort d’on ne sait où, que le chef du gouvernement s’empresse d’aller présenter devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies en le présentant comme la position du Mali sur le chemin du retour de la paix au Nord.

A l’application, seule la noblesse de l’Adrar des Iforhas peut des déclarer satisfaite : elle a réussi à faire désigner son homme comme président du Conseil régional tout en récusant le Représentant de l’Etat nommé par le pouvoir central. Si à Gao, un compromis a pu être trouvé, à Tombouctou et à Taoudéni, c’est le blocage, l’Etat se trouvant pris dans un imbroglio dont il ne peut déchiffrer les arcanes.

Et, comme pour ne rien nous épargner comme humiliation, la CMA et la Plateforme attendent le dernier moment pour annoncer leur refus de participer à la Conférence d’entente nationale, au motif qu’elles n’ont pas été associées à sa préparation. De cette conférence, l’observateur attentif n’attendait pas grand-chose. Il n’empêche, la façon de procéder des rebelles et du groupe d’autodéfense ne manque pas d’écorner davantage l’autorité de l’Etat.

N’est-il pas temps de se ressaisir, de cesser de se faire des illusions, de mieux s’imprégner du dossier du Nord et de confier sa gestion à des cadres patriotes connaissant les différents contours de la question ?

Il nous semble que c’est à cette condition que nous pourrons revenir dans le dossier et cesser de passer sous les fourches Caudines chaque fois que les séparatistes le veulent.

LA REDACTION