Ce que nombre de maliens ont regretté et fustigé, c’est que la France venue au Mali pour nous libérer des djihadistes nous a fauchés l’herbe sous nos pieds en faisant cavalier seul pour se rendre à Kidal. Ce qui du reste a choqué tous les maliens qui ont vu là une trahison pour qui sait que Kidal, c’est le siège même des concepteurs de toutes les rébellions qui ont secoué et ébranlé la nation malienne.

La population malienne est convaincue que tuer un serpent en préservant sa tête, c’est le rendre plus dangereux. La tête du serpent, il fallait bien la chercher à Kidal. Au lieu d’embarquer avec l’armée malienne  dans la capitale de l’Adrar des Iforas, l’armée Française au nom de serval a composé  avec le MNLA ennemi juré et indépendantiste opposé à l’intégrité territoriale du Mali. L’arrivée de serval à Kidal a sonné comme un cri de ralliement, une aubaine pour ces combattants qui y avaient été chassés par les hommes de Mujao. Dès lors, la France, par son assistance venait de donner l’occasion au MNLA de narguer et l’armée malienne et tout le peuple Malien. L’on se rappelle toutes les péripéties qui en sont découlés jusqu’à l’humiliation subie par l’armée malienne lors de la visite du premier ministre Moussa Mara ignorant le complot qui l’attendait. Depuis cette « trahison » de la France visant à aller s’allier avec les combattants indépendantistes, un esprit de révolte est né chez un grand nombre de maliens  qui se sont laissés tout naturellement convaincre  que Paris soutient les sécessionnistes. D’ailleurs, personne ne pouvait s’en douter face aux réactions de certains ministres Français qui étaient interrogés sur la problématique de l’entrée à Kidal de l’armée malienne. Elles répondaient toujours par des propos dilatoires. Jean Ives Le Drian qui était le ministre de la défense au moment des faits avait  toujours répondu que « rien n’empêchait l’armée malienne d’entrer à Kidal ».Les maliens savaient bien que c’était bien là le bluff et que « Celui-là qui avait le pied posé sur  l’aiguille criait à la perte ». Ou alors, il nous était dit que si l’armée malienne entrait à Kidal, elle se livrerait à des massacres dans son désir de se venger. Beaucoup de nos concitoyens ce jour-là ont douté de Le Drian lui qui est breton et bien proche des indépendantistes de la Bretagne, une région Française.   En clair, la France a elle-même par son comportement plongé une partie de la population malienne dans une sorte de suspicion et de méfiance à son égard. Donc, si en ces temps-ci, certains maliens demandent le départ de l’armée Française et de la minusma, cela est bien compréhensible surtout avec le pourrissement de la situation  tant au nord  qu’au centre du pays. Tout cela, avec son lot quotidien d’attaques djihadistes et de bandits armés. Tous les jours, c’est mort d’homme, des militaires, des civils, de nombreux innocents. L’insécurité évolue en dents de scie sans qu’on ne sache à quand tout cela prendra fin. Donc, les maliens sont dans leur bon droit en se posant cette question «  Comment est- ce que tout cela peut se passer au nez et à la barbe de Barkhane et de la Minusma ? De là à les rendre complices, il n’y a qu’un pas. Face à cet état de faits, il est très facile, l’occasion est toute trouvée par certains malintentionnés à travers les  réseaux sociaux et d’autres medias pour accuser la France et la Minusma, les rendre complices même. Ceux qui jouent à ce jeu tenteront même d’augmenter leurs propos par des faits dont ils n’ont pas la preuve. Mais encore, cette révolte d’une certaine couche de la population a été provoquée par les français eux-mêmes qui n’ont  pas su tirer à temps de façon bénéfique les ficelles de l’imbroglio malien. Mais, nonobstant tout cela, il faut se laisser convaincre que la présence de l’armée Française et de la Minusma est salutaire avec le déferlement de forces hostiles venant du moyen Orient et de la Libye. Leur demander de partir, c’est méconnaitre la réalité en face et faire  le jeu de ces forces obscures tantôt citées. Sans doute que la France a des intérêts à défendre, sans doute que certains ont leurs intérêts dans le maintien de la minusma mais, ces forces qui nous appuient, si elles partaient, c’est la dislocation programmée du Mali. Si cela devait arriver au Mali, ce serait le règne de forces rétrogrades et la mise au pilori de nombreux maliens. Attention, ne tombons pas dans un patriotisme négatif.

Que Dieu Préserve le Mali    

M.M. Dembélé

Ségou Tuyè