La cérémonie d’investiture du Président et du vice-Président de la Transition du Mali s’est déroulée le 25 septembre 2020, au CICB, dans une ambiance des grands jours et avec la surprise de la présence d’un Chef d’Etat étranger : le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo.

Cette présence n’est pas anodine pour qui suit les interactions de ce jeune président de la Guinée-Bissau avec l’organisation régionale CEDEAO. Ses positions vis-à-vis de ses pairs ne souffrent d’aucune ambiguïté sur la situation du Mali.

Venir à Bamako, pour une investiture placée sous embargo par la CEDEAO, même si son médiateur Goodluck Jonathan, en mission à Bamako, y a pris part, est un message plein de défis et de défiance de ce Président qui ne cache pas ses divergences avec ses pairs de la Guinée et de la Côte d’Ivoire.

Lors d’une conférence de la CEDEAO, devenue mémorable, il a lié la situation du coup d’état au Mali à toutes les tentatives de troisième mandat qu’il considère aussi comme un Coup d’Etat contre le peuple. Alassane Dramane Ouattara, qui s’est révélé grand pourfendeur des putschistes maliens et Alpha Condé, tous deux en lice pour un troisième mandat n’ont pas apprécié la sortie de ce président francophile âgé de 48ans.

Bamako a été surpris par cette présence d’autant plus que 24h avant, Embalo recevait chez lui 5 chefs d’Etat pour la célébration de 47e anniversaire de l’indépendance de son pays. C’est un signal fort de son attachement à la résolution de la crise malienne et, sans doute, le début d’une nouvelle ère dans la coopération bilatérale entre nos deux pays.

Présenté comme révolutionnaire, Embalo a accédé au pouvoir, en févier 2020, dans des conditions difficiles face à Domingos Simones Pereira. Mais son histoire est jalonnée de faits personnels avec la Cedeao. En effet, nommé Premier ministre en novembre 2016, il est contraint à la démission en 2018, suite à une contestation du parti PAIGC et à une demande de la CEDEAO. Cette même organisation interviendra lors de son élection controversée et surtout de son investiture. Dès sa prise de fonction, il mettra tout en œuvre pour mettre fin à la mission militaire de la CEDEAO présente dans son pays et interdira l’entrée d’une mission d’experts constitutionnalistes de la CEDEAO dans son pays en mars 2020.

Ce soldat, qui a quitté l’armée dans les années 1990, est un diplômé en relations internationales et détient une excellente connaissance des fondamentaux de la défense et détient un solide réseau à l’international. Ses faits et gestes à l’encontre de la CEDEAO peuvent être une amorce d’un renouveau de cette organisation fortement décriée durant la crise au Mali.

 

Y.KEBE

Source: BamakoNews