Dans un entretien accordé à notre rédaction,  M. Fahad Ag Al mahamoud, Président de la plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger, non moins Secrétaire Général du GATIA parle de la crise institutionnelle qui sévie au Mali depuis la proclamation officielle des résultats définitifs des élections législatives le 30 avril 2020 par la Cour Constitutionnelle. Aussi, il a appelé les Maliens à serrer les coudes pour faire face aux vrais problèmes du pays.

Quel est  l’état de santé de la Plateforme des mouvements du 14 juin d’Alger que vous présidez actuellement ?

Je sais qu’il y a une crise au sein de la plateforme où les chemins se sont séparés. Il y a des gens de la Plateforme qui ont rejoint la CMA dans ses idéaux pratiquement injustes et qui continuent à se proclamer de la Plateforme puisque qu’on est entre les mains de la communauté internationale, on fait avec. Chacun proclame haut et fort son appartenance à la Plateforme mais, la réalité est que les autres ont rejoint la CMA c’est tout.

 Quel est votre point de vue ou les propositions de solutions sur la crise institutionnelle que connaît le Mali depuis l’arrêt de la Cour Constitutionnelle sur les résultats des élections législatives ?

Merci beaucoup. Malheureusement ces derniers temps nous assistons à une crise où beaucoup de citoyens demandent la démission du Président de la République,  un président démocratiquement élu, la dissolution de l’Assemblée Nationale ainsi que la Cour Constitutionnelle. Tout d’abord, je vais regretter à ce qu’on soit arrivé là pour la simple raison qu’entre 2002 et 2012, le Président Amadou Toumani Touré a su réunir autour de lui toute la classe politique malienne. Ce qui n’était pas en soit louable en matière de la démocratie parce que la démocratie sous-entend la mouvance présidentielle et l’opposition. Mais, on peut dire quand même qu’il avait réussi un temps soit peu à faire l’unanimité autour de lui. Donc, je pense que c’est ce qui était idéal pour l’actuel Président. Les gens demandent la dissolution de certaines institutions ou la démission de certains membres de certaines institutions, à commencer par la première, il est très clair que le pays traverse une crise majeure depuis fin 2011 jusqu’à nos jours et rien ne dit qu’on va vers une solution. La crise ne fait que s’empirer du jour au lendemain. Mais il faut se faire à l’évidence qu’un malade dans un hôpital n’a pas toute la liberté de faire ce qu’il veut, il doit forcément tenir compte de l’avis du médecin, si je peux caricaturer ainsi. Dans le cas du Mali, le médecin, c’est la communauté internationale et la communauté internationale quand même travaille avec les institutions de la République. Il ne faut pas se leurrer, en Afrique on a qu’une seule institution, la première, toutes les autres sont partout en Afrique caporalisées par la première. Donc il serait à mon avis sage que ceux qui demandent la démission des intuitions doivent tenir compte que le Mali ne gagnera pas dans une illégalité comme 2012. Ce qui nous conduira vers une sorte de gouvernance illégitime. Déjà moi, je peux dire que même si ce n’est pas officiel on n’est sous tutelle de la communauté internationale qui déploie beaucoup d’efforts pour stabiliser le Mali, il faut tenir compte et les remercier pour cela. Donc, je disais qu’il faut éviter qu’on tombe dans illégalité et que les uns et les autres vont lâcher du lest. Le président doit rassembler autour de lui tous les Maliens, je dis bien tous les Maliens et faire face aux vrais problèmes du pays, les problèmes de l’insécurité et de la sécurité, ce sont les vrais problèmes du pays. Et il est clair que les petits problèmes de Bamako empêchent au gouvernement de faire face aux vrais problèmes du pays. Et on n’a même pas l’espoir que déjà il y’a un programme qui puisse ramener la sécurité. Il faudrait que les Maliens de Bamako sachent que le problème ne restera pas au centre. Le problème qui viendra à Bamako, ou à Sikasso s’il n’est pas déjà là-bas. Le problème ira à Kayes s’il n’est pas déjà là-bas donc, il faudrait se ressaisir et faire l’union sacrée pour sortir le Mali de la crise. Et pour cela, il faudra un gouvernement d’union nationale. Les institutions je leur dis : il y’a une seule institution que l’on doit préserver à ce stade, la première ça c’est pour qu’on évite qu’on soit sous tutelle de la communauté internationale. Je suppose que dès que l’élu de cette institution ne sera plus là, le Mali sera suspendu des Institutions de la CEDEAO, et de l’Union Africaine et le problème partira pour de bon. Le Président doit écouter les gens qui demandent sa démission et travailler avec eux et voir ce qu’ils offrent comme solutions pour le pays. C’est quand même des Maliens s’ils ont des bonnes idées pour sortir le pays de la crise tant mieux, qu’il travaille avec eux c’est un peu ça mon point de vue sur la situation.

Avez-vous un appel à l’endroit du Président de la République et pour le M5-RFP ?

Merci beaucoup.  Je voulais juste dire, je pense que les Maliens à commencer par le premier doivent se serrer les coudes, doivent travailler ensemble pour faire face aux vrais problèmes, les problèmes de la sécurité. Les autres Maliens qui sont dans la rue c’est valable pour eux aussi. Je pense qu’ils doivent savoir à quel degré le Mali est tombé, je pense qu’ils le savent déjà parce qu’ils le dénoncent. Le Mali est tombé beaucoup plus bas à tel point qu’on ne peut raconter que l’histoire du Mali il y’a huit ans neuf siècles pour s’en glorifier. Mais, le Mali dans sa situation actuelle n’honore personne parce que depuis 2012, les gens ne font que convoiter le pouvoir ici à Bamako, ne font que se chamailler à cause des avantages qui procurent le pouvoir. Le pays a besoin de redessiner un peu son paysage politique, le Mali a besoin de lutter plus contre la corruption pour que tout le monde n’est pas envie chaque matin d’être président ou ministre. Il faudrait que la corruption soit combattue, que les institutions soient puissantes, qu’on ait une vraie République qui s’appuie sur ses institutions et non sur autres choses. Je pense que nous sommes dans une République laïque où chaque citoyen à son mot à dire et peut exercer la religion de son choix. On a besoin de tout le monde notamment la communauté internationale et les mouvements signataires pour l’unité du Mali. Donc, je pense que les Maliens doivent s’asseoir et discuter afin de travailler ensemble.

Réalisée par Yaya MARIKO /

Source : Le Tjikan